Sur les trois premières semaines des soldes, l’Alliance du Commerce qui réunit les grands magasins et les enseignes de l’habillement et de la chaussure, annonce une croissance de 5,7 % à l’échelle nationale, contre un recul de 3 % à Paris, par rapport à 2023. Une amélioration à « considérer avec prudence », selon l’organisation, qui rappelle que les soldes d’été 2023 avaient été « très fortement impactées par les émeutes urbaines ».
Ce bilan, réalisé auprès d’un panel d’une quarantaine d’enseignes représentatives du marché de l’habillement, contraste avec les résultats enregistrés par le Syndicat des Indépendants et des TPE (SDI), qui a interrogé 512 indépendants entre le 19 juillet et le 22 juillet 2024. Ici, plus de la moitié des commerçants (53 %) expriment un bilan négatif des soldes d’été, et 67 % des commerçants ont constaté une baisse de leur chiffre d’affaires par rapport à 2023. Cependant, certains ont tiré leur épingle du jeu. « Pour les 33 % de commerçants ayant enregistré une hausse, 33 % ont vu une augmentation de 10 %, et 67 % ont noté une croissance comprise entre 10 % et 20 % », rapporte le bilan de la SDI.
ENQUÊTE SOLDES D’ÉTÉ 2024 (SDI)
Faut-il décaler les soldes ?
À Paris, pour 60 % des commerçants, les soldes ont généré dans le meilleur des cas un chiffre d’affaires supplémentaire de 10 %. 25 % des commerçants n’ont quant à eux enregistré aucune hausse de chiffre d’affaires par rapport à un mois normal, selon la Chambre de commerce et d’industrie (CCI). 50 % des commerçants indiquent par ailleurs que ce résultat est inférieur à celui de l’été dernier. Ils sont 73 % à penser que l’inflation a eu un impact négatif sur leur activité pendant la saison. La décision de dissolution de l’Assemblée nationale a également impacté la consommation des Français, selon un rapport de Procos. D’après le bilan de la SDI, 78 % des commerçants pensent que le contexte politique a eu un impact négatif sur leurs ventes.
Mais cet été, la bête noire des commerçants parisiens a été la météo. 80 % des commerçants estiment qu’elle a eu un impact négatif sur leur activité, et même très négatif pour un quart d’entre eux (24 %), selon la CCI. Cette question de la météo, directement liée au dérèglement climatique, interroge les commerçants et notamment les acteurs du marché de l’habillement. « On voit comment les saisons changent avec le dérèglement climatique, constate Yann Rivoallan, président de la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin. En septembre, c’est la collection hiver qui sort, alors qu’il fait encore très chaud. C’est totalement inconcevable. Donc je pose cette question à tous les acteurs du marché : faut-il décaler les soldes à plus tard à cause du dérèglement climatique ? C’est un sujet que je lance à partir de la rentrée avec les acteurs du marché. »
Un avis partagé par Pierre Talamon, président de la Fédération nationale de l’habillement (FNH), qui représente les commerces indépendants du prêt-à- porter. Pour ce dernier, il faudrait repousser les soldes vers les déstockages de fin de saison, afin de promouvoir une consommation plus responsable. « Nous changeons de paradigme et le secteur de la mode ne peut ignorer le changement (…) Les commerces indépendants ne peuvent pas s’aligner sur les prix de la ‘fast fashion’ en ligne, et ce modèle n’est pas souhaitable à l’heure de la transition écologique. »
Quelles perspectives pour les JO ?
La CCI note que 67 % des commerçants ont eu la visite de touristes dans leur boutique depuis le début des soldes. Dans 63 % des cas, la part des touristes dans leur chiffre d’affaires est toutefois inférieure à 20 %. Et la perspective des JO n’enchante pas tous les commerçants. Ils sont 31 % à espérer un impact positif de l’événement sur leur activité, et 27 % à craindre un impact négatif, notamment à cause du départ de leur clientèle parisienne habituelle. Enfin, 32 % des commerçants parisiens ne prévoient aucun impact sur leur activité.
Si le bilan économique sur la période des Jeux olympiques, qui s’étend du 26 juillet au 11 août 2024, est encore incertain, 74 % des commerçants se disent optimistes pour la saison prochaine, à la rentrée. L’enquête de la CCI a été réalisée auprès de 300 commerçants parisiens entre le 8 et le 12 juillet 2024.