Nouveauté [Podcast] Se lancer en franchise avec Aviva
Actualites

Commerces : les centres-villes sont-ils de nouveau attractifs pour les enseignes ? 

Quels sont les secteurs et les territoires les plus attractifs ? Quelles initiatives sont prises, notamment par les réseaux, pour développer les commerces en centre-ville ? Découvrez les regards croisés d'experts grâce à cette synthèse de la table ronde dédiée aux restructurations des grandes enseignes du commerce, animée par le CNCV, la FACT et divers porte-parole d’enseignes nationales lors de la dernière édition du Siec.

Parmi les grands enseignements à retenir du Siec, qui s’est tenu à Paris les 19 et 20 septembre dernier, c’est la résilience dont a fait preuve le commerce qui ressort cette année. Un exemple ? “Les façades littorales sont toujours très attractives, ainsi que la Vallée du Rhône, où il y a beaucoup d’emplois”, comme l’a expliqué Christophe Noël, délégué général de la FACT, en direct du salon. Avant d’ajouter : “On observe 25 % de création d’emplois depuis 2016 dans le commerce” ainsi qu’“un fort dynamisme sur l’activité du commerce alimentaire spécialisé, avec 48 % de croissance de l’emploi.”

Pour ce dernier toujours, les métiers de bouche et le CHR ont également gagné du terrain avec “65 % d’effectifs du commerce dans la restauration, faisant d’elle le premier employeur de France”, quand à l’inverse “le secteur des biens de la personne a perdu 6 % de ses effectifs.” Une érosion que ce dernier explique par “la baisse des emplois ainsi que par le transfert des produits vers des magasins spécialisés, comme les vêtements qui sont désormais dirigés vers des magasins d’articles de sport, par exemple”, créant ainsi une offre trop dupliquée.

On retiendra également de cette table ronde dédiée à l’avenir du commerce, un classement permettant de comprendre quels secteurs s’en sont le mieux sortis cette année. Parmi eux : les ‘préservés’, à l’exemple des acteurs de l’alimentaire et de l’optique, face aux ‘fragilisés’ tels que l’audio-vidéo, la chaussure, l’habillement, le meuble et le jouet. Et les résistants, incarnés par les acteurs du sport, de la beauté, des livres ou produits de l’univers du bricolage.

De la périphérie au centre-ville

Au cœur du débat également, l’implication des pouvoirs publics pour redonner de l’attractivité aux cœurs de ville, tout en tenant compte des restructurations des grandes enseignes (type franchise) et de leurs différentes problématiques économiques. Comme la hausse de l’ILC, qui a amplifié le phénomène de vacance commerciale et/ou contraint certains réseaux à revoir leur trésorerie et/ou stratégie de maillage territorial. Et à résilier leurs baux (l’activité n’étant plus rentable sur certains emplacements). En réponse à ce phénomène, nombre d’enseignes ont décidé de (re)venir en centre-ville/ hyper centre-ville, dont elles s’étaient éloignées, afin de (re)trouver leur clientèle. “L’enjeu des enseignes est maintenant d’ouvrir sur des formats plus petits, avec plus de services et plus de proximité”, a souligné Myriam Trabelsi, présidente déléguée du Club des Managers du Centre-Ville (CMCV) et membre du comité éditorial du Siec.

Un phénomène qu’illustrait déjà en juin 2021 l’enseigne alinea au travers d’un concept urbain, lancé dans Paris même, et qu’incarne aujourd’hui le Groupe Les Mousquetaires (150 magasins sur le territoire + Bricorama) au travers d’une stratégie d’implantation ‘plus urbaine’ quand elle était jusqu’ici fortement fréquentée par des usagers en périphérie. “Non seulement le groupement (49 milliards de CA) recense un point de vente tous les 17 km environ sur le territoire, mais a aussi la volonté de conquérir l’urbain, qui ne représente chez nous, à date, que 4 ou 5 % de parts de marché”, indiquait ainsi Bruno Filippi, directeur du développement immobilier pour Immo Mousquetaires sur le podium. “Nous avons, bien sûr, travaillé le service Drive, le click and collect etc. mais ce n’est pas suffisant. Nous devons aussi travailler avec les élus pour que le commerce crée des zones de vie. Et travailler la question de la mobilité. En ville déjà, mais surtout pour venir jusqu’au magasin. Quand on voit tous les clients qui viennent à pied, en trottinette, etc. on se rend bien compte qu’il faut faire de la sociologie et repenser nos lieux de présence. Être omnicanal donc, mais aussi réfléchir à une complémentarité des commerces.”

Une ambition similaire du côté de l’enseigne Monoprix (800 magasins présents dans 250 villes de France) qui vient d’inaugurer un Monoprix Maison à Châteauroux (36) et envisage de mailler tout l’Hexagone pour jouer la carte de la proximité. “Ouvrir dans les villes moyennes est notre parti pris”, a déclaré David Moulin, son directeur du développement franchise et immobilier, lors de cette même table ronde. A noter toutefois qu’un emplacement de centre-ville n’est pas moins coûteux qu’un emplacement en sortie de ville (voire davantage), mais qu’il avantage considérablement les retailers en matière de flux piéton et d’accessibilité aux commerces (qualité de vie, augmentation de la durée sur place, etc.). Un constat également partagé par Thibault Le Carpentier, membre de l’Académie des Sciences Commerciales, qui estime que “les enseignes veulent quitter la périphérie car elle n’attire plus. Et impose, en plus, le travail dominical aux salariés”.

Les commerces soumis à l’orientation politique locale  

Et alors que les élus pourraient se réjouir d’accueillir de nouveaux acteurs du commerce en centre-ville pour répondre aux besoins des habitants, en quête de proximité et de commerces physiques, et trouver ainsi des arguments pour repenser le parcours marchand de la ville et rendre plus attractive cette dernière, un défi s’impose pour celles et ceux qui font bouger le commerce : se confronter à l’orientation politique des élus en matière de mix commerçant. “La question est la suivante : est-ce qu’on promeut le commerce qui plaît aux habitants ou qui plaît au maire ? C’est tout le problème de l’orientation des élus. Car si l’on veut implanter une enseigne de discount, ça n’aura pas le même impact pour les autres commerçants du quartier qu’un service complémentaire alimentaire ou un tatoueur en centre-ville, par exemple”, selon Thibault Le Carpentier. Quant aux zones en déclin (dont les zones commerciales périphériques), les pouvoirs publics devront aussi remobiliser la population pour y encourager le commerce, dans un cadre plus agréable et repensé comme un véritable lieu de vie.

Enfin, pour celles et ceux qui hésiteraient à s’implanter dans un territoire non inscrit au programme Action Cœur de Ville ou Action Cœur de Ville 2, comparé à une ville qui en ferait partie, le bilan tiré sur la vacance commerciale des centres-villes des villes moyennes sur la période 2018-2022 est plus qu’encourageant à l’égard de l’activité commerçante sur ces deux typologies.

Alors que la vacance commerciale est structurellement plus élevée dans les villes disposant d’un programme Action Cœur de Ville avec un point haut à 14,5 % de taux de vacance en 2020 versus 7,6 % pour les villes hors ACV, on observe une baisse moyenne de la vacance de 1,7 point depuis le pic de 2020 contre seulement -0,3 point dans les villes hors ACV (12,5% en 2022 versus 7,39 %), rapportait ainsi Bertrand Dosseur chez Codata, l’observatoire du commerce et du retail. Car après avoir mis en relation les taux de vacance commerciale avec la dynamique démographique et le niveau de revenu dans les villes étudiée, on n’observe pas ou peu de relation entre ces dimensions. Autrement dit, les performances en termes de vacance commerciale ne dépendent pas de l’évolution démographique ni du niveau de revenus des populations résidentes. Il n’y a donc pas de fatalité !”

Un vaste chantier de réflexion pour les managers de centre-ville donc et les futurs investisseurs, qu’ils soient franchiseurs ou futurs franchisés, comme pour l’agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT, qui œuvre justement pour la mise en place des programmes Action Cœur de Ville.

Ajouter un commentaire

Votre adresse IP ne sera pas collectée Vous pouvez renseigner votre prénom ou votre pseudo si vous êtes un humain. (Votre commentaire sera soumis à une modération)