1. La restauration
La restauration déchaîne toujours les passions. Pour cause, elle sera encore vectrice d’opportunités en 2024. “Les secteurs liés à la fête, aux soirées, ou au monde de la nuit ont été très impactés par la crise du Covid, avec des épisodes de fermetures ou de cessions d’activité que l’on connaît, mais ont redémarré en 2023”, explique ainsi Sylvain Bartolomeu du cabinet Franchise Management. À titre d’exemple, le réseau My Beer’s qui cherche des grands emplacements et le concept de caves V&B dont la direction recrute activement des franchisés. “Si la clientèle continue à sortir et à consommer, elle ne le fait pas dans le même état d’esprit qu’avant la crise sanitaire”, poursuit l’expert. Il cite ainsi des consommateurs tiraillés entre une baisse du pouvoir d’achat et un besoin de dépaysement lié au besoin de se rassurer face à un contexte anxiogène.
De ce fait, “les publics cherchent des offres novatrices et différenciantes de celles qu’ils connaissaient. En matière d’afterwork, d’animation sportive ou musicale, ou de jeux proposés sur place par l’établissement, par exemple. Mais ils cherchent surtout un bon rapport qualité-prix pour ne plus subir la shrinkflation*”, note ce dernier. Les entrepreneurs devront ainsi, pour percer sur le secteur, “savoir inspirer la revisite avec des soirées à thème ou des offres éphémères. Et savoir où se situe la valeur ajoutée de leur offre/produit sur le marché pour se différencier de leurs concurrents”.
Une autre option consiste à se tourner vers la restauration rapide, comme la fast good ou la casual food par exemple, qui continuent à gagner des parts de marché. Mais attention à ne pas les confondre avec la fast food traditionnelle, qui elle s’essouffle. “Les enseignes de fast food sont devenues très chères en France, répercutant l’inflation comme d’autres bien sûr, mais ont finalement perdu l’atout qui les rendait si attractives au départ: leur accessibilité, alors qu’il s’agissait du premier lien entre l’enseigne et les consommateurs”, explique Franchise Management. Car le prix reste le premier critère de choix.
Le secteur voit aussi apparaître de plus en plus de petits formats. Des kiosques très plébiscités car très accessibles en termes d’investissement. Et plus faciles à monter, à l’inverse des grands complexes qui proposent le service à table et entraînent avec eux de longues démarches administratives (ERP, etc.). “Le contexte post-Covid et inflationniste en a obligé plus d’un à mettre en place une stratégie défensive. Comme se diversifier, par exemple. Sont favorisés : la livraison et la création de formats plus souples et plus petits. Comme des kiosques ou des food trucks, qui s’installent maintenant de façon durable. Et font partie des concepts les plus recherchés sur l’année 2023”, explique à son tour Pierre Fleury, fondateur de PF Marketing. “Notamment quand on ressent une certaine morosité chez les candidats à la franchise. Candidats qui prennent plus de temps pour se décider à investir et font face à des banquiers de plus en plus frileux”, le rejoint Sylvain Bartolomeu.
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En revanche, si le format kiosque avantage son gérant, quel que soit son profil ou son niveau d’expertise en restauration, cette typologie n’est pas encore très répandue dans les centres commerciaux. “Ce format est généralement placé sur un parking ou sur le littoral par exemple, mais n’est pas encore suffisamment pris en compte. Ni par les bailleurs, ni par les gérants de centres commerciaux, alors qu’il fonctionne très bien, capte et attire du flux passant. Et pourrait très bien s’intégrer dans le contexte de mutation des centres commerciaux qui (re)deviennent des lieux de vie”, décrypte Pierre Fleury. Car en fin de compte, “ouvrir une franchise de pizzeria classique, avec places assises, et par les temps qui courent est onéreux et relève d’un grand défi !”, s’accordent les deux experts.
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2. Les loisirs
Les porteurs de projet peuvent aussi se tourner vers la filière loisirs à l’heure où les complexes ou concepts multi-loisirs (franchise, licence de marque, etc) se multiplient sur le territoire. “Les concepts de karaoké, comme avec KaraFun Bar, chez qui le client peut louer une salle, modulable jusqu’à 25 personnes (et la privatiser), sont très recherchés des publics. On peut aussi, en tant que candidat investir chez d’autres acteurs qui proposent plusieurs disciplines sur place; du sport, du e-sport, des jeux d’équipe, des escape game, etc… L’intérêt d’y investir ? Pouvoir y capter différentes typologies de clients en même temps, suggère Sylvain Bartolomeu. Cela permet à la fois d’engranger plusieurs millions d’euros par an avec une rentabilité garantie et parfois même, avec de tous petits effectifs de structure (une à deux personnes par site maximum), comme de devenir une zone de destination à part entière. Ces pôles de loisirs émergent généralement sur des agglomérations moyennes.” C’est sans oublier les réseaux hyper-spécialisés, telles que les salles d’escalade ou de quizz.
3. Le sport
Les salles de sport se sont aussi montrées résiliantes face à la crise sanitaire. Elles ont depuis retrouvé leur clientèle, renforcé leur programmes de fidélité et même étoffé leurs réseaux magasins dans l’Hexagone. “La filière a aussi bénéficié d’un certain phénomène de fond qu’est le besoin de s’accorder ou de se redonner du temps pour soi et réduire son anxiété. Démocratisation du télétravail oblige aussi”, constate Sylvain Bartolomeu. Elles ont donc été sinistrées, mais ont toujours su et savent travailler la fidélité client. Et attirent aussi de plus en plus de jeunes en salle. Ce qui est lié à l’hyper-personnalisation des offres et aux communications déployées sur les réseaux sociaux.” Ainsi, conclut l’expert chez Franchise Management, “les plus mal lotis sont les gérants indépendants, quand en parallèle les enseignes organisées en réseaux prennent des parts de marché sur cette filière et sont de plus en plus portées sur l’innovation”.
4. Les services
Du côté des services cette fois, si les SAP souffrent de grandes problématiques de recrutement, toutes spécialités confondues (ménage, aides à domicile, garde d’enfants), les futurs investisseurs ne doivent pas se décourager pour autant. Et peuvent notamment se pencher sur les multiples opportunités qu’offre la ‘Silver Economy’. “Il peut être intéressant de se tourner vers des concepts qui répondent à des tendances de marché, ou proposent des offres pas/peu répandues, constate Sylvain Bartolomeu. Prenons l’exemple du réseau Clémence & Antonin qui livre des repas aux personnes âgées via un camion. C’est non seulement utile à la société, mais aussi facile d’accès à un porteur de projets, à qui il suffit d’investir dans les droits d’entrée à l’enseigne et dans ses redevances, et d’avoir un simple véhicule pour démarrer. Car il n’a pas besoin d’un local, simplement d’aller à domicile!”
Un environnement sur lequel Pierre Fleury constate aussi “une hausse du nombre d’enseignes et du chiffre d’affaires du secteur, estimé aux alentours des 19 milliards d’euros à fin 2023”, quand nombre d’entre elles arrivent à maturité. Et acquièrent encore plus de légitimité sur le marché. Ces dernières attirent également de plus en plus de profils en reconversion dans leurs rangs. “On observe cela tant par un souhait de répondre aux besoins d’une population qui vieillit, comme le fait Petits-fils, par exemple, que pour répondre aux besoins de garde d’enfants (Babychou Services) puisque le taux de natalité se maintient. Et le télétravail ne freine en rien les besoins de garde des familles.” Même scénario pour les concepts d’offres à domicile qui “exploseront dans les années à venir et sont relativement accessibles en termes de financement”, conclut ce de dernier.
5. L’économie circulaire et les enseignes à petits prix
Les candidatures se portent également sur les concepts liés à l’économie circulaire en 2024. “Systèmes de débrouille, DIY dans les projets bricolage ou de décoration, chacun cherche des alternatives pour consommer malin et à moindres coûts face à l’inflation. Mais tout en essayant de réduire son empreinte carbone par souci pour l’environnement”, remarque Pierre Fleury. De quoi inciter les franchiseurs à se structurer en réseau autour d’offres ou services malins et vertueux pour la société. “On l’a remarqué, la demande du marché pousse les futurs franchisés à se tourner vers l’occasion et l’économie circulaire. Téléphonie, informatique, produits reconditionnés, automobile, textile, le mécanisme de vente se décline à l’infini avec tous types de biens et de produits. Dès lors, et au vu de l’ampleur que prennent les rayons reconditionnés au sein des magasins d’enseignes, ces concepts seront de plus en plus explorés en 2024”, étaye ce dernier. On cite pour exemples Kilo Shop et Easy Cash et divers destockeurs, comme la licence de marque D’Stock, qui attirent la clientèle par leurs promotions agressives. Mais aussi Adopt, dont les parfums sont très accessibles. En d’autres termes, “on prédit un bel avenir à cette filière. Non seulement parce que ses concepts sont dans l’ère du temps, mais aussi parce qu’elle n’aura aucun mal non plus, à recruter des candidats, ajoute Pierre Fleury. D’ailleurs, on pourrait dire, dans un certain sens, que la crise du textile et du prêt-à-porter lui est profitable car il s’opère un jeu de chaises musicales chez les franchisés qui passent d’une enseigne à l’autre pour survivre. Même chose sur le secteur de l’alimentaire”, réagit Franchise Management. Avant d’ajouter : “Il est donc devenu commun de se reconvertir, d’une part en franchise, mais aussi de se diversifier en changeant de marque ou de concept. Ou même de passer d’indépendant du textile à franchisé d’enseigne”.
Restauration, sport, seconde main, les possibilités de franchise sont multiples pour devenir son propre patron en 2024. “À condition que les têtes de réseau, adoptent des conditions d’entrée plus flexibles à l’égard de leurs candidats pour les (ré)attirer dans leurs rangs. Ou de ralentir leur croissance, sans forcément viser les 100 unités”, s’accordent encore les deux experts. “On l’a vu, fin 2023, comme en 2022, le volume de candidats a été de l’ordre de -20 % toutes enseignes confondues à cause d’une accalmie sur le recrutement qui s’est prolongée en 2023. D’où l’importance de recruter à nouveau dans les réseaux! Et de faire baisser de 30 % les coûts d’entrée aux candidats.”
Reste à trouver une enseigne au concept accessible (avec ou sans local), où les charges locatives et le taux d’effort seront moindres afin de s’assurer d’une belle réussite et d’un bon taux de rentabilité. Et de rester prudent, quelle que soit la voie professionnelle choisie. “Je rappelle que nombre d’enseignes n’ont pas ouvert autant que souhaité en 2023. Et cela va probablement se reporter sur le premier semestre 2024. Quant à la moyenne d’âge des candidats, elle a remonté cette année alors qu’il y avait des profils plus jeunes avant. Preuve que certains se découragent dans le contexte économique actuel, souligne Pierre Fleury. Mais bonne nouvelle, les franchiseurs recrutent de plus en plus de candidats non-expérimentés, partant du principe qu’ils bénéficieront de toutes façons d’une formation initiale pour intégrer leurs codes. Une formation pour laquelle il faut toutefois des moyens financiers et humains derrière pour justifier du niveau d’accompagnement, des droits d’entrée et des redevances.” Prenez aussi toujours le temps d’enquêter sur votre future enseigne avant de s’y engager. Alors, quel secteur choisirez-vous en 2024 ?
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