Quelles sont donc les particularités de la reprise, ses avantages et ses inconvénients ? Pour en parler, nous sommes allés à la rencontre de deux franchisés qui sont passés par la reprise pour se lancer.
La reprise de franchise, une question d’opportunité ?
70 % des transmissions d’entreprises se feraient sur le « marché caché » (c’est-à-dire que cédants et repreneurs se rencontrent sans que la vente de l’entreprise ne soit rendue publique) et 30 % sur le « marché ouvert », selon la CCI Paris Ile-de-France. C’est ce qu’il s’est passé pour Adrien Del Volgo, franchisé Cash Express à Cahors et Aurillac. « J’étais un salarié depuis deux ans au Cash Express de Cahors quand le propriétaire m’a proposé de reprendre le magasin. J’aimais bien le concept de la franchise. Je voulais me lancer plus tard, mais l’opportunité s’est présentée plus tôt que ce que j’avais imaginé, j’ai donc sauté sur l’occasion. »
Emma Guinard, franchisée du réseau d’instituts L’Onglerie à Nantes Cathédrale, a connu une opportunité similaire. « J’ai été cliente de L’Onglerie dès mes 18 ans, raconte-t-elle. Un jour, j’ai voulu quitter la restauration et j’ai fait la connaissance d’Angélique Gascoin (actuelle PDG de l’enseigne, ndlr). A ce moment-là, elle était au bout de son aventure en tant que franchisée. Elle m’a proposé le rachat de Nantes Cathédrale en décembre 2017. » Issue d’une famille de commerçants, Emma Guinard connaissait déjà les rouages de l’entrepreneuriat. « Je n’avais pas beaucoup d’appréhension, j’étais un peu jeune et insouciante, admet-elle. J’ai plus de recul aujourd’hui qu’il y a sept ans ».
Cela n’a pas été le cas pour Adrien Del Volgo, qui n’était pas vraiment préparé à diriger une entreprise et n’avait pas pris la mesure des charges qui lui incomberaient. « Je n’ai pas été formé sur la gestion d’entreprise, ça a été le grand bassin directement. J’ai tout découvert sur le tas. J’ai fait des études de management, mais ce n’était pas suffisant pour faire face à l’administration, les problématiques liées aux employés, les fournisseurs, etc. Il a fallu apprendre tout cela tout seul », déplore-t-il.
D’autant qu’Adrien a dû gérer la délicate situation de devenir le patron de ses collègues. « L’équipe d’aujourd’hui est celle qu’il y avait quand j’étais employé. Cela a forcément un peu changé nos rapports, mais l’objectif était que ce soit le moins possible. Finalement, on est tous dans le même bateau. De l’autre côté, il y a les charges, les crédits, le stress… Je ne m’attendais pas à cela. »
Quand Emma a repris L’Onglerie de Nantes Cathédrale, une entreprise d’environ un an, elle n’avait pas de collaborateurs et est restée seule près de deux ans avant d’effectuer son premier recrutement. Elle s’est par ailleurs sentie accompagnée par le réseau dans sa prise de fonction. « Quand on intègre la franchise, on bénéficie d’une formation technique et une formation de gestion. On a aussi beaucoup de livrets d’information », précise-t-elle.
Quels sont les avantages et inconvénients de la reprise ?
La reprise de franchise diffère du lancement en franchise, tant sur l’aspect financier que logistique et commercial. « Ce sont deux projets complètement différents, confirme Emma Guinard, qui vient de lancer un nouveau point de vente à Saint-Sébastien-sur-Loire. Racheter une franchise déjà existante, c’est acheter un fonds de commerce avec une installation déjà faite et une clientèle déjà établie. Il faut soi-même s’adapter au système qui est en place. Tandis que le projet à Saint-Sébastien, il faut le créer de A à Z. On doit trouver un local, convaincre les banques, etc. Pour cela, la franchise nous aide énormément, sur les premiers stocks et l’implantation dans un espace, ou dans l’aménagement de son point de vente. »
Adrien Del Volgo constate quant à lui que la réputation d’un magasin peut être un atout comme un poids pour le repreneur. « Les deux magasins que j’ai repris existaient depuis à peu près 10 ans, ce qui était à la fois un avantage et un inconvénient. On était bien implanté, mais il a fallu se battre contre l’image qu’il y avait, notamment à Aurillac où le magasin n’avait presque jamais bougé en 10 ans. »
Concernant l’apport financier que représente le rachat d’un point de vente, les deux franchisés s’accordent pour dire qu’il faut voir au cas par cas. « Cela va déprendre du prix du marché, et de ce que l’on reprend, explique Adrien. À Aurillac, le magasin ne faisait pas beaucoup de chiffre d’affaires, mais était en bonne santé (au niveau des charges, ndlr). Il faut comprendre pourquoi le magasin ne marche pas avant de le racheter. J’ai mis un an et demi avant de racheter celui d’Aurillac, j’y ai travaillé pendant deux mois pour m’imprégner et comprendre le potentiel qu’il pouvait y avoir. »
« Racheter une boutique représente forcément un montant important, mais il se fait aussi en fonction de la taille et du chiffre d’affaires du point de vente », renchérit Emma. Cette dernière conseille aux candidats à la reprise de franchise de se préparer à avoir beaucoup de clients et beaucoup de travail. « Il faut être déterminé. Je trouve que c’est une superbe aventure et qu’il faut y aller les yeux fermés ! Il y a du stress, car on est chef d’entreprise, mais c’est une superbe expérience. »
« Il faut comprendre ce qu’est l’enseigne et savoir si elle nous correspond, ajoute Adrien. A Cash Express, c’est un métier de passion. » Ces deux franchisés qui ont commencé par une reprise ont remis le couvert avec le lancement d’un deuxième point de vente. La transmission d’entreprise devrait continuer d’attirer les entrepreneurs en herbe, puisqu’on estime à 30 920 le nombre de transmissions d’entreprises en France sur l’année 2023, selon le groupe Altares.
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