Pierre Talamon, président de la FNH, souligne d’entrée de jeu la difficulté pour les commerçants de vendre les collections d’été après un printemps pluvieux et froid. Les stocks excédentaires dans les magasins sont ainsi estimés à +15 % par rapport à l’année précédente. « L’activité des commerces indépendants de la mode souffre. Le pire, c’est que certains commerçants en viennent à attendre les soldes avec impatience pour vendre les collections de saison à prix bradés, ce qui est néfaste pour le commerce et pour la planète », explique-t il.
Mais l’engouement ne sera peut-être pas au rendez-vous. L’étude « Les Français et les soldes », réalisée par OpinionWay pour Mollie, révèle que 59 % des Français ne feront pas les soldes cette année. Ainsi, malgré l’inflation, quatre Français sur dix ont prévu de faire les soldes, avec un budget moyen en baisse de 15 % par rapport à 2023. La priorité est de renouveler sa garde-robe avec des enseignes familières. Cette tendance montre une modification des comportements d’achat, influencée par les contraintes économiques et l’évolution des priorités des consommateurs.
L’étude pour Mollie indique également que, parmi ceux qui feront les soldes, 49 % préfèrent acheter en magasin, tandis que 51 % envisagent l’achat en ligne, dont 22 % de manière exclusive. Les jeunes sont particulièrement enclins à dépenser pendant cette période, avec une enveloppe moyenne de 378 €, supérieure à la moyenne globale de 307 €. Les habitants d’Île-de-France prévoient un budget plus élevé, atteignant 494 € en moyenne.
Parmi les difficultés rencontrés par les commerçants : la hausse des coûts d’achat des produits, entre 10 % et 14 % en 2023, sans augmentation correspondante des marges. La crise énergétique et les charges croissantes entraînent une paupérisation des commerçants, même lorsque leur chiffre d’affaires augmente légèrement. La FNH souligne donc que les soldes en début de saison vont à l’encontre d’une commercialisation responsable et durable. « Nous changeons de paradigme et le secteur de la mode ne peut ignorer le changement, il doit prendre en considération les transformations sociétales en cours, ajoute Pierre Talamon. Les commerces indépendants ne peuvent pas s’aligner sur les prix de la fast fashion en ligne, et ce modèle n’est pas souhaitable à l’heure de la transition écologique. » Sa solution ?Décaler les soldes pour qu’ils correspondent à des déstockages de fin de saison, permettant ainsi de promouvoir une consommation plus responsable.