Publié par l’association GSC et le groupe Altares, l’Observatoire retient que les premières victimes sont les patrons de TPE/PME et les entrepreneurs ayant en moyenne 45,8 ans. En effet, 28,6 % des chefs d’entreprise ayant cessé leur activité ont entre 40 et 50 ans, et près d’un tiers des dirigeants touchés ont plus de 50 ans. A l’inverse, les moins de 26 ans ne sont que 2,5 % à être concernés.
Observatoire de l’emploi des entrepreneurs publié par l’association GSC et le groupe Altares
Côté structure, les plus petites entreprises, de moins de 5 salariés, sont les plus touchées. Pour ce qui est du statut juridique, la majorité des pertes d’emploi concerne des SAS (45,8 %), contre 11,1 % pour les SARL. Enfin, les structures dont le chiffre d’affaires est inférieur à 500 000 euros représentent 76,5 % des des cessations d’activité.
L’Observatoire estime que le nombre de pertes d’emploi cette année se rapproche des niveaux record atteints en France il y a une dizaine d’années. Des chiffres alarmants qui n’étonnent guère Anthony Streicher, président de l’association GSC. « On le savait, c’était écrit depuis plus de 2 ans. Nous l’avions signalé dans les baromètres précédents. Ce n’est pas une crise, mais une lente et inexorable montée des eaux (…) Nous allons arriver sur des chiffres similaires aux crises post-2008. »
Quels sont les secteurs et régions les plus touchés ?
Selon le baromètre, la crise qui affecte le secteur de l’immobilier se répercute sur les activités annexes, comme la construction (maçonnerie, travaux de peinture et de vitrerie, etc.). Au total, ce sont 7 669 chefs d’entreprise dans la construction qui ont perdu leur emploi.
Si la construction est le marché qui compte le plus d’échecs entrepreneuriaux, on constate que très peu de secteurs sont épargnés. Le commerce, la restauration, l’hébergement, le transport et le service aux entreprises comptent tous une augmentation du taux de chômage chez les dirigeants. « Ce qui est inédit, c’est que cela concerne tout le monde, explique Anthony Streicher. On a les effets de la dette Covid. Les entreprises doivent payer tous les prêts. D’autres crises sont arrivées comme la crise de l’énergie et de la guerre en Ukraine. Tous ces éléments font que c’est très compliqué de s’en sortir. »
Observatoire de l’emploi des entrepreneurs publié par l’association GSC et le groupe Altares
D’autant que ce phénomène n’épargne aucune région de France. L’Île-de-France représente à elle seule près d’un quart des pertes d’emploi, avec une hausse de 31,9 % depuis 2023. Un chiffre à remettre en perspective, selon le président de l’association GSC, qui rappelle que cette région est celle où l’on compte le plus de création d’entreprise. « Ce n’est pas un problème d’entreprendre, c’est même fantastique d’être entrepreneur, mais c’est dangereux et il faut en avoir conscience, prévient-il. Il faut se préparer à rebondir et à faire autre chose (…) L’échec, ça fait partie de la vie entrepreneuriale, mais il faut se protéger. »
Pour cela, il conseille aux entrepreneurs de bien s’entourer, dans des associations ou des organisations dédiées aux dirigeants, afin de connaître toutes les bonnes pratiques à adopter. « Pour réussir, il faut avoir conscience des risques qui nous entourent. On constate que les gens qui se tournent vers les organisations patronales et le mentorat, par exemple, réussissent plus souvent (…) On constate également qu’un entrepreneur qui s’est protégé et qui est tombé, va dans un tiers des cas recréer une entreprise dans un délai d’un an. »
Observatoire de l’emploi des entrepreneurs publié par l’association GSC et le groupe Altares
Anthony Streicher déplore cependant une inaction de l’Etat face à cette montée inexorable des pertes d’emploi chez les chefs d’entreprise. « Pour la personne qui sera désignée Premier ministre, la lutte contre la perte d’emploi des dirigeants d’entreprise devra être un sujet prioritaire ! , avance-t-il dans un communiqué de presse. Plus de 180 entrepreneurs perdent leur emploi chaque jour depuis le début de l’année. Les mauvaises nouvelles de ce premier semestre 2024 interpellent sur l’inaction qui conduit à cette situation car aucun acteur, pouvoirs publics compris, ne semble prendre la mesure de ce qui se joue pour les dirigeants et notre économie. »