Vous vous souvenez du slogan de la fin des années 1980 « La montagne, ça vous gagne ! » ? Repris, fin 2022, par les professionnels du secteur pour promouvoir les sommets, il résume à lui seul les atouts du savoir-vivre montagnard. Des villages du Jura en passant par les stations de ski des Alpes, des Pyrénées ou encore les parcs nationaux de la Vanoise et du Mercantour, la montagne offre une variété d’activités et d’opportunités professionnelles. Les six massifs français couvrent 25 % du territoire national dans 50 départements et 5 600 communes, dont 350 sont des stations de ski.
L’économie touristique y est très présente : elle pèse 20 milliards d’euros, soit 15 % du chiffre d’affaires du tourisme français, grâce à une moyenne de 10 millions de visiteurs par an. Mais attention à ne pas cantonner la montagne au seul tourisme ! « Pour une installation, deux options sont en fait possibles : s’implanter en altitude ou en basse montagne, dans les villes alentour », note Nicolas Louis-Amédée du cabinet Territoires et Marketing. Les enjeux sont très différents d’une zone à l’autre et répondent à des problématiques spécifiques.
Activités saisonnières en stations
En stations, la saisonnalité joue un rôle important avec des pics d’activité en hiver (décembre/février) et également en été (juillet-août), période de plus en plus fréquentée par les touristes à la recherche d’un bol d’air frais. « Il faut, dans ce cas, avoir les reins solides et engranger suffisamment de trésorerie pour pallier les mois creux », prévient Sylvain Bartolomeu, dirigeant du cabinet Franchise Management. Plusieurs activités franchisées se prêtent néanmoins au jeu des saisons en altitude. Le groupe Danisports propose ainsi trois déclinaisons de magasins autour du ski et des pratiques outdoor : Ski Republic (location et vente de produits classiques), Précision Ski (location et vente de produits techniques) et Freeride (glisse alternative).
Une soixantaine de points de vente en affiliation sont implantés dans les différents massifs, au plus près des pistes. Les géants de l’alimentaire, notamment Casino, qui exploite les Spar Montagne, ou Carrefour avec Carrefour Montagne, ont également développé des formats de proximité, avec des magasins plus petits et des familles de produits plus courtes. Dans le secteur de la distribution, le groupement coopératif Sherpa tient le haut du pavé. Avec ses 118 magasins d’altitude, ses 3 000 références et sa marque propre « Terre de l’Alpe », le réseau est un des rares à proposer un concept de supérettes 100 % orientées montagne.
La montagne vit toute l’année
Dans ces zones où 55 % des logements sont des résidences secondaires, les activités de conciergerie ont également du sens et se développent. « Surtout celles implantées près de la frontière suisse, fréquentée par une clientèle aisée aux revenus élevés », précise Sylvain Bartolomeu. Le réseau Les Services d’Aline, spécialisé dans les prestations de conciergerie haut de gamme pour les locations saisonnières, compte ainsi 34 agences, principalement en Haute-Savoie (Les Gets, La Clusaz, Les Saisies, Samöens, Le Grand-Bornand, Megève, L’Alpe d’Huez…) où il est né en 2010. L’enseigne, lancée en franchise en 2016 (investissement de 46 000 euros, dont 18 000 euros de droits d’entrée), développe aujourd’hui son modèle sur le littoral et dans les villes touristiques.
Parmi les autres secteurs qui fonctionnent bien en haute montagne, on trouve également les services à la personne, le bricolage, l’immobilier ainsi que les activités de rénovation et d’entretien de la maison. « Notre franchisé d’Albertville surperforme sur sa zone de chalandise : il réalise 20 % de plus que la moyenne du réseau sur la commercialisation de produits d’isolation thermique et de pompes à chaleur », indique Jonas Fellous, responsable développement du Groupe Verlaine, spécialiste de la rénovation énergétique des maisons individuelles (60 agences en affiliation). La raison : des températures plus basses, qui nécessitent davantage d’entretien des chalets et des maisons.
Les stations doivent se réinventer
Le climat reste effectivement rude en montagne, compliquant les déplacements auprès de la clientèle ou des prospects. « Attention, il y a des contraintes à s’installer en montagne. Les zones sont souvent étendues et distantes, faiblement peuplées et les coûts logistiques élevés car les territoires sont plus difficiles d’accès », souligne Sylvain Bartolomeu. En outre, la problématique du recrutement de personnel est plus complexe qu’en plaine à cause d’un fort taux de turn-over. La concurrence des commerces indépendants, tenus par des lignées de familles locales, peut également s’avérer âpre. Particulièrement dans la restauration, peu accessible au modèle de la franchise en haute montagne. « Le grand sujet actuel concerne le réchauffement climatique et l’avenir des stations. Le modèle du tout ski ne fait plus recette, les stations doivent se réinventer », constate Nicolas Louis-Amédée.
Selon un rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) sur l’enneigement des domaines skiables en haute montagne, l’épaisseur moyenne de neige en hiver diminuera de 10 à 40 % entre 2031 et 2050. Pour 2081-2100, la baisse projetée serait, quant à elle, comprise entre 50 et 90 %. « Cela ouvre de nouvelles perspectives, car il faudra continuer d’occuper les vacanciers et les résidents, souvent sportifs et orientés nature. Des activités d’escape game en réseau, de salles d’escalade ou de loisirs indoor et outdoor pourraient y trouver une place », suggère Nicolas Louis-Amédée.
Allez plus loin
Lisez la suite de ce dossier dans L’Officiel de la Franchise n°241 de septembre 2024
