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Le Slip français: « Notre petite entreprise incarne quelque chose de fort »

Voilà une marque engagée pour le made in France depuis ses débuts en 2011 ! Son fondateur et président, Guillaume Gibault, décrypte pour nous l’ascension du Slip français qui compte aujourd’hui 18 boutiques, 80 collaborateurs et un chiffre d’affaires annuel de 20 millions d’euros.

Pouvez-vous, tout d’abord, revenir sur les origines du Slip français ?

Guillaume Gibault. Tout est parti d’un pari avec des copains ! À la fin de mes études, j’ai travaillé pendant un an et demi chez Bio c’ Bon. Je me suis rendu compte que j’aimais le commerce, le terrain… J’adorais aussi les marques françaises iconiques comme Lacoste et la mode. J’avais très envie de monter ma boîte. On était alors aux prémices d’Internet. En 2011, rappelez-vous, Facebook existait à peine en France. J’ai donc cherché un concept pour hommes, sans barrière financière à l’entrée : c’est comme cela que j’ai décidé de lancer une marque de slip en ligne. J’ai trouvé une usine en Dordogne, je suis reparti avec 600 slips dans le coffre d’une voiture de location. Je les ai stockés chez ma grand-mère et je me suis dit qu’au pire j’aurais des slips pour toute la vie ! Le pari était cocasse, mais ça a marché. Treize ans plus tard, nous sommes la plus grande marque 100 % française, que ce soit pour les matières utilisées ou pour la fabrication avec 80 ateliers partenaires (tricotage, fabrication, confection).

De quoi êtes-vous le plus fier aujourd’hui ?

G.G. Je suis très fier d’être devenu un symbole de mon métier en défendant le made in France. Dans les années 90, la filière textile représentait 600 000 emplois, contre 100 000 aujourd’hui. La petite entreprise que j’ai fondée incarne quelque chose de fort. Un journaliste de TF1 me disait en tournant un reportage sur Le Slip français que peu de marques bénéficiaient d’autant de résonnance médiatique, notamment aux JT. Je suis donc très fier d’incarner ce combat du made in France. Je garderai aussi toujours en mémoire la mobilisation que nous avons coordonnée pendant la crise du Covid pour produire 200 millions de masques dans les usines françaises. Nous avons mis notre savoir-faire à disposition d’une cause nationale : l’engagement des ouvriers et des ouvrières était très courageux. Je m’en souviendrai toute ma vie.

Le Slip français est devenu une entreprise à mission en 2020, pourquoi ?

G.G. C’était une manière de matérialiser notre engagement, cela faisait sens pour moi que nous soyons reconnus comme pionniers. Nous sommes ainsi devenus la 70e entreprise à mission en France. Cela ne nous apporte aucune aide, mais c’est une belle reconnaissance de nos valeurs. J’aime bien me définir comme un ambassadeur du made in France, et ce statut y contribue. C’est un combat qui me tient vraiment à cœur car il est nourri de belles rencontres. C’est un joli combat.

Quels sont les enjeux majeurs rencontrés par le made in France ?

G.G. Le coût du travail est à la fois une chance (parce qu’il permet une bonne couverture sociale, les congés payés, les 35 h, etc.), mais aussi une difficulté quand le salaire minimum est, par exemple, à 800 euros au Portugal, contre 1700 euros bruts en France. Cela pose donc forcément la question du bon prix. Toutes les études le montrent, les Français ont conscience des vertus du made in France, notamment en termes d’impacts positifs sur l’environnement et l’emploi. Tout le monde est d’accord, mais les prix sont encore trop élevés pour beaucoup de Français. La fabrication tricolore ne représente que 3 % des vêtements sur le marché. Le modèle est fragile. Et la compétitivité des prix est clairement le nerf de la guerre.

C’est pour cela que vous avez lancé cette année la gamme (R)évolution ?

G.G. Oui, tout à fait. Jusque-là, avec des slips à 40 euros l’unité, notre marque était assimilée à une offre cadeau pour la fête des pères, la Saint-Valentin ou encore Noël. Mais pas à un achat récurrent dans l’année. Nous avons donc augmenté le volume de production pour baisser le prix à 25 euros l’unité (19 euros en pack de trois) : sur les 400 000 pièces fabriquées, nous en avons écoulé 125 000 en deux mois. C’est un début prometteur, mais il faut que l’engouement continue. Et ce n’est pas facile dans le contexte économique actuel.

L’an dernier, vous aviez écrit une lettre ouverte au président Emmanuel Macron et aux ministres de l’Économie et de l’Industrie. Vous aviez aussi lancé une pétition. Quels ont été les résultats de ces initiatives ?

G.G. Il y a eu de l’écho dans les médias, ou encore sur les réseaux comme LinkedIn, et c’est très bien. Mais il n’y a pas eu de résultats concrets. Je vais régulièrement à Bercy, et je continue à mobiliser, mais, pour le moment, aucune avancée pour soutenir cette filière du made in France. Or, il faut vraiment que les pouvoirs publics s’emparent de cette question. Il y a plein de leviers pour cela : une TVA réduite, plus de liens entre la distribution et les industriels, etc. La seule vraie chance de succès pérenne, c’est de parvenir à réindustrialiser les produits pour retrouver des volumes compétitifs. Il est important de rappeler que c’est avant tout un vrai sujet de fond, qui doit faire appel aux consommateurs et aux pouvoirs publics.

Essayez-vous, aussi, de mobiliser d’autres enseignes ?

G.G. Oui, car c’est un combat à mener collectivement. Mais le textile et le prêt-à-porter rencontrent actuellement de grandes difficultés, beaucoup d’enseignes essaient déjà tout simplement de survivre. Dans ce contexte, malheureusement, les collections « capsules » made in France passent souvent à la trappe en premier.

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