Enseigne dans cet article
Comment se porte le marché des cuisinistes aujourd’hui ?
Florence Alliou : Le marché français a une spécificité par rapport à ses voisins européens : il était sous-équipé en cuisines aménagées et équipées. Avant la pandémie, nous étions sur un taux d’équipement de l’ordre de 65 %. Ce taux a explosé après le Covid puisque l’on est monté dernièrement à un taux d’équipement entre 75 et 80 %. Ce qui nous laisse encore énormément de marge en France pour aménager les cuisines des Français. Cependant, le marché est en décroissance depuis 20 mois consécutifs. C’est un facteur très important, et il a fallu adapter nos pratiques. Le marché de l’ameublement est en décroissance, et celui de la cuisine l’est encore plus. C’est pour les réseaux une nouvelle donne très forte.
Pourquoi est-il en décroissance et comment cela vous a-t-il impactés ?
F.A : De nombreux facteurs entrent en compte, notamment les chocs géopolitiques, avec la guerre en Ukraine et l’inflation, ainsi que la décroissance des transactions dans l’immobilier ancien et dans la création de logements neufs. Nous sommes tributaires de ces marchés. L’aspect du pouvoir d’achat nous a également impactés, car changer de cuisine n’est pas un élément essentiel dans la vie des Français. Mais quand ces éléments repartiront à la hausse, le marché de la cuisine repartira d’autant plus en France qu’il reste encore une large part de Français n’ayant pas encore de cuisine équipée. Donc je suis très positive sur l’avenir, mais il faut résister. Et je vais utiliser un mot assez fort, mais on résiste très bien. Sur la totalité du réseau, nous étions en légère croissance à fin octobre 2024.
Dans ce contexte, comment tirez-vous votre épingle du jeu ?
F.A : Quel est mon secret ? (rires). Déjà, quand j’arrive dans une entreprise, j’écoute la voix de mes clients finaux, mais également de mes franchisés. Nous avions un sujet de compétitivité des prix, que nous avons géré à travers un plan d’animation commerciale, qui ne soit pas au détriment de la marge de nos franchisés. On a su redonner du pouvoir d’achat au consommateur tout en préservant la rentabilité des franchisés, car mon objectif est bien de pérenniser le réseau. Et ce dynamisme nous a permis de tirer notre épingle du jeu.
Où en est le réseau Cuisines AvivA, notamment en termes de points de vente ?
F.A : Nous avons commencé l’année avec 117 magasins et nous allons la terminer avec 118. Nous comptons six ouvertures contre cinq fermetures. C’est attristant de voir que quelques magasins sont fermés, mais on a, par ailleurs, ouvert de très beaux magasins, qui sont de très belles réussites. Par exemple, dans des centres commerciaux comme à Bry-sur-Marne ou dans des villes plus moyennes comme à Pau. Nous avons également renforcé notre présence à Montpellier avec l’ouverture d’un troisième magasin. Mon objectif, c’est que le réseau devienne 100 % franchisé dès 2025.
Pourquoi miser sur le modèle de la franchise ?
F.A : J’ai hérité de ce modèle quand je suis arrivée. Il restait alors trois magasins en interne, et ce n’est pas du tout le même métier. La gestion simultanée des deux modèles peut devenir compliquée, donc c’est une mesure qui finalement arrive très naturellement. L’enjeu va être de développer le réseau et de le pérenniser. Ce sont mes raisons d’être. Et quand j’ouvre des points de vente, je participe à la notoriété de la marque.
F.A : Comment rester innovant sur ce secteur ?
Pour rester innovant, je pense qu’il nous faut sincèrement penser notre concept par rapport aux usages des consommateurs. Je suis très attentive au fait que notre concept soit toujours aligné avec les nouveaux usages des consommateurs et que chaque produit qu’on leur présente en magasin le soit aussi.
Pour rester innovant, il faut aussi savoir embarquer les éventuelles technologies qui vont créer des ruptures dans le domaine du retail. Pour l’année 2025, je vais me concentrer sur des cas d’usage autour de l’intelligence artificielle, que je vois davantage comme une amie que comme une ennemie. Elle pourra accompagner nos vendeurs et concepteurs pour mieux comprendre les besoins des clients. Au-delà de ces deux sujets, il faut surtout s’assurer qu’on a les bonnes personnes dans chacun de nos points de vente. L’humain reste au centre de notre succès.
Quels sont les projets de l’enseigne ?
F.A : J’ai un grand projet, TalentPro, que j’ai lancé il y a tout juste un mois. Ce programme s’adressera à des personnes qui ont une expertise dans la cuisine, qui ont été vendeur ou responsable d’un magasin, mais qui n’ont pas forcément les moyens financiers pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Il faut en effet compter un apport minimum de 50 000 à 100 000 euros pour ouvrir son magasin Cuisines AvivA. Nous accompagnerons les candidats qui pourront investir 30 000 euros en leur prêtant jusqu’à 50 000 euros, qu’ils n’auront à rembourser qu’au bout de sept ans, après avoir remboursé les banques. Je crois énormément en ce projet pour accompagner et soutenir ces futurs entrepreneurs dans le secteur de la cuisine équipée.
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