Parlez-nous de votre solution clé en main pour vos clients du monde du retail…
Matthieu Dischamps : Nous sommes un opérateur de bornes de recharge pour voitures électriques, spécialisé sur le tiers-investisseur et le retail. Ce qui veut dire que l’on prend en charge tous les coûts d’installation et d’exploitation du dispositif, dont l’internalisation de la maintenance des appareils.. Et que cette solution est gratuite pour le foncier/ commerçant/ franchisé qui voudrait héberger nos bornes sur son parking.
L’histoire démarre en 2018 au Portugal, sur un marché de l’électrique, qui avait déjà quelques années d’avance par rapport à la France. L’un des fondateurs de Powerdot, Luís Santiago Pinto, qui travaillait auparavant pour la mise en service d’Uber Green, s’est alors rendu compte que le frein majeur des chauffeurs à passer au véhicule électrique était la faible présence ou faible disponibilité des bornes de recharge sur leur route, au vu de leurs arrêts quotidiens. C’est là que le modèle a émergé et que des bornes ont vu le jour dans des lieux stratégiques et adaptés à leurs points de passage. On y a depuis aménagé plus de 350 parkings.
Le modèle s’est ensuite implanté en France, en mai 2020, pour équiper des espaces commerciaux, des supermarchés, ou encore des retail park afin de permettre aux utilisateurs et clients de ces derniers d’effectuer un plein durant leurs courses. Depuis, Powerdot est présent à travers 2 500 points de charge, sur 450 sites en France; ce qui correspond à un tiers de notre portefeuille seulement, en cours d’installation, puisqu’il y en a encore 750 autres à faire émerger sur le territoire. Et ce, autour de contrats de 10 ans avec nos clients. Mais toujours sur des parkings déjà existants. Notre solution a aussi entre-temps émergé en Espagne, au Luxembourg, en Belgique et en Pologne.
Cette solution s’adresse à des particuliers, mais via des grandes enseignes ou centres commerciaux. Alors, qui sont vos différents clients ?
Matthieu Dischamps : Nous travaillons avec des foncières, telles que le Groupe Frey, mais aussi des retailers et des commerçants, qu’ils soient indépendants ou franchisés. À date, nous avons déjà équipé 200 parkings Intermarché et travaillons aussi avec Super U, La Boucherie, Burger King, Quick, ou encore Mr. Bricolage, par exemple. Je cite aussi des réseaux intégrés comme Cora, les supermarchés Match et des groupes hôteliers, dont Accor.
À chaque parking, sa typologie d’utilisateurs et son temps de recharge électrique adaptée ?
Matthieu Dischamps : Oui, la puissance de recharge de la borne sera en effet adaptée au temps de passage des utilisateurs sur ledit parking. Et ce, quel que soit la typologie du lieu, bien que l’on intervienne majoritairement sur des installations en extérieur. La solution la plus adaptée aux parkings KFC sera la recharge rapide d’environ 15 minutes, pour se restaurer sur place, ou passer commande, par exemple quand pour un supermarché, nous pouvons l’allonger à 30 ou 40 minutes. Enfin, nous pourrons faire un mix des deux types de puissance sur les parkings des centres commerciaux pour répondre à tous les besoins des différents utilisateurs et à la demande de l’enseigne concernée ou de ses partenaires/ exploitants. C’est ce qu’on appelle un panachage. Mais pour coller aux attentes des utilisateurs, le commerçant / exploitant devra nous avoir fourni, en amont, différentes données relatives à son exploitation et à son environnement commercial. Comme sa typologie de clients, la fréquence de passage, etc. pour que l’on puisse justement lui proposer un mix adapté.
Vous fonctionnez avec le modèle du tiers-investisseur. Mais qui, de Powerdot ou de l’exploitant, récupère la data client ? Et comment procédez-vous ?
Matthieu Dischamps : L’objectif est de démocratiser l’utilisation de ces bornes. Faire le plein doit donc devenir aussi simple que de recharger son téléphone, sans même avoir besoin de créer un compte client ou de commander un badge. Il y a donc plusieurs moyens de s’authentifier à la borne. La carte de crédit, le QR code via une application (sans création de compte), sinon passer par des opérateurs de mobilité du marché. Powerdot a également la particularité d’être compatible, autrement dit inter-opérable, avec les autres systèmes de bornes électriques. Et recense à date plus de 10,5 millions de badges compatibles avec le système Powerdot. Les bornes sont aussi inter-opérables dans toute l’Europe.
La clientèle de ces parkings peut aussi accéder à nos bornes via les badges de leurs enseignes, qui, elles-mêmes proposent des cartes de fidélité. Powerdot peut donc proposer à ses futurs partenaires de faire des intégrations avec leurs cartes de fidélité. Et proposer un code promotionnel sur la recharge électrique à partir d’un certain montant d’achat effectué en magasin, par exemple. Ou alors envisager un co-branding ou faire de la marque blanche avec ce même client. De cette façon, tout le monde est gagnant puisque l’on ne se rémunère que sur la recharge.
Impossible également de parler de data client sans évoquer le RGPD. C’est la raison pour laquelle nous laissons aux utilisateurs le choix de nous partager (ou non) leurs données. S’ils le font, ils pourront également être alertés sur le temps de charge restant, avant de revenir au parking. Mais en ayant au préalable indiqué les kWh voulus avant la charge ! Nous avons également lancé sur le marché français, la technologie ‘Autocharge’ qui permet de démarrer son plein en branchant son véhicule sans authentification, via les applications de mobilité.
À lire aussi
Politique RSE : Une stratégie qui fait sens
Aviez-vous déjà constaté une hausse de la demande pour ce type de services en France, notamment dans le contexte de la loi d’orientation des mobilités et de son échéance de 2025 en matière d’équipements électriques de parkings ?
Matthieu Dischamps : La direction a constaté une nette prise de conscience chez les retailers en matière de RSE et d’aménagement de bornes électriques sur les parcs de stationnement. Notamment avec cette échéance fixée au 1 janvier 2025 : à cette date, tous les espaces commerciaux devront avoir équipé 5 % de leur surface de parking de ces bornes. Une mesure à laquelle s’ajoute la loi d’accélération des énergies renouvelables de mars 2023, qui impose également d’équiper la moitié de la superficie des parkings, en solutions ombrières photovoltaïques, mais d’ici juillet 2026. Ce qui a évidemment mis tout le monde en ordre de bataille et contribué à amplifier notre notoriété, même s’il y a de nombreux autres opérateurs de la mobilité douce sur le marché tricolore.
Quelles sont vos ambitions pour continuer à mailler le territoire ?
Matthieu Dischamps : Nous sommes déjà présents à Saint-Nazaire, Wittenheim, Franconville, Saint-Malo ou encore Brive-la-Gaillarde, mais il y a encore beaucoup de territoires à couvrir ! 95 % des départements de France métropolitaine sont déjà couverts par nos bornes, y compris la Corse, mais l’ambition est désormais de passer le cap des 600 parkings équipés d’ici 2025, pour atteindre un total de 10 000 points de charge Powerdot en France. Et d’équiper autant les zones urbaines que rurales pour cibler un maximum de Français. Il ne faut pas non plus oublier qu’un tel aménagement de parking nécessite entre 8 et 12 mois de travaux d’installation. On inaugure 30 nouveaux parkings par mois, en moyenne.
Quelles sont, selon vos études de marché, les zones, notamment les villes, les plus favorables à la mobilité douce en France et potentiellement intéressées par vos bornes ?
Matthieu Dischamps : La liste n’est pas exhaustive, mais je citerais les Bouches-du-Rhône, ainsi que les villes de Marseille, Levallois, Paris et Versailles, qui sont celles où il y a le plus de véhicules électriques vendus. Il y a tout de même un paradoxe autour de Paris, entre l’intention de franchir le pas vers l’électrique et de vraiment s’y tenir en pratique. Nombreux y pensent, alors qu’il est finalement assez rare de voir des parkings à ciel ouvert dans la capitale. Ou, du moins, pour nous, d’y trouver des opportunités. Cependant, la demande est encore naissante côté consommateurs. Le parc automobile français n’est électrifié qu’à 3 % aujourd’hui, alors que les experts prévoient 20 à 30 % de croissance pour ce marché d’ici 2030. Nous pourrions donc passer d’1,5 million de véhicules à une fourchette comprise entre 8 et 13 millions de voitures électriques d’ici là !
À voir aussi si les stations-service prendront le pli (ou pas). Se pose la question de la pertinence de service. Les habitudes de consommation ont changé, alors est-ce qu’un automobiliste sera prêt à faire un détour, alors qu’il pourra déjà faire son plein électrique en même temps que ses courses ou son shopping ? Car qui dit proximité et disponibilité immédiates de service, dit aussi augmentation du temps de vie personnel ou dédié aux loisirs… En tout cas, pour les stations-service situées en ville, pas pour les autoroutes où ces stations seront toujours des points de passage clés. L’avenir est donc plein d’espoir pour les opérateurs de la recharge électrique !
À lire aussi