Feuillette s’est rapidement lancée en franchise. Pourquoi ce choix ?
Jean-François Feuillette : La question de la franchise s’est rapidement posée. La septième boulangerie a été la première à ouvrir en franchise, à Poitiers. J’ai voulu essayer ce modèle car j’ai été sollicité par des candidats à la franchise. J’ai accepté et on a signé nos deux premiers contrats de franchise comme cela, tout en continuant à ouvrir des succursales.
En revanche, j’ai rapidement compris que diviser les compétences engendre des complications, pour maintenir une régularité de produits. J’ai donc investi dans l’outil de travail. Au lieu de fabriquer la pâtisserie dans chaque point de vente, j’ai tout centralisé avec un premier atelier de 500 m², qui est passé à 1 700 m² trois ans après. Dernièrement, j’ai ouvert un laboratoire de 5 000 m² pour un investissement de 14 millions d’euros.
Comment se porte le réseau et quels profils cherchez-vous ?
J-F.F : Je crois que nous faisons partie des cinq réseaux ayant le plus de candidatures en franchise, tous secteurs confondus. En 2024, on a reçu près de 1 500 candidatures. Pour ce qui est du profil recherché, on souhaite que la personne ait une expérience commerciale, de contact avec le client final, qu’elle ait déjà géré une équipe, donc pas un profil d’investisseur. A savoir qu’une boulangerie nécessite 200 000 euros d’apport, pour un investissement de 1,2 million. En revanche, on est ouverts aux investisseurs pour Café Feuillette, notre nouveau concept qui s’adapte aux centres-villes. Il y a pour le moment un seul Café Feuillette, mais cinq ouvriront l’année prochaine.
Crédit : Feuillette.
Pour ce qui est du parcours, il y a trois mois de formation et on incite les futurs franchisés à passer du temps chez nos franchisés. Cela lie le réseau. Il y a un côté famille. Dans les inaugurations, il y a souvent quatre ou cinq couples d’autres franchisés qui sont présents, en soutien. Cela crée un esprit de solidarité où chacun peut compter sur les autres.
Quels sont les grands enjeux de votre secteur ?
J-F.F : Pour moi, il y a deux grands enjeux. Premièrement, la partie recrutement des salariés. Nous rencontrons des difficultés pour constituer des équipes. Il faut compter une moyenne de 40 ou 50 salariés par site, ce qui est énorme. L’effet de groupe permet néanmoins de proposer des avantages aux salariés comme la semaine de 4 jours, avec 3 jours de repos.
Le deuxième enjeu est sur la partie RSE. On va communiquer en début d’année sur la création d’un fonds de dotation. Et sur le terrain, nous avons des problématiques sur la partie énergétique, gaspillage alimentaire et emballages. C’est une attente des consommateurs, mais aussi des équipes. C’est comme cela qu’on va les fidéliser.
Comment se démarquer et faire face à la hausse des coûts des matières premières ?
J-F.F : En termes de surface, nous sommes sur de plus grandes boulangeries, avec une moyenne de 500 m² et un chiffre d’affaires moyen de 3 millions par points de vente. C’est plus de trois fois le chiffre d’affaires des enseignes qui se développent en franchise. Le positionnement est aussi très axé sur la qualité des produits et la transformation des matières premières. Ce laboratoire de 5 000 m², par exemple, est unique dans notre secteur. Pour ce qui est de la hausse des prix, on s’en sort un peu mieux que les autres car, avec 80 boulangeries et plus de 200 millions d’euros de CA, on mutualise les coûts et on négocie avec nos fournisseurs. On a moins ressenti l’inflation.
Crédit : Feuillette.
Cependant, l’après Covid a un peu changé les habitudes de consommation. On était les seuls à être ouverts. On a créé une gamme salée, presque traiteur, en embauchant des cuisiniers. On a diversifié notre offre snacking et on s’est professionnalisés dans ce domaine. Depuis, on a augmenté à peu près d’un mètre la part du salé dans nos linéaires de vente, ce qui est énorme.
Quelles sont vos ambitions pour 2025 ?
J-F.F : Dans les prochaines années, on prévoit d’investir dans l’outil de travail. Ma spécificité est que je fabrique mes produits. Je dépose déjà actuellement le permis de construire du prochain laboratoire central, qui fera 5 000 m² également, et qui nécessitera encore un investissement de 14 millions d’euros.
On a 30 ouvertures de boulangeries prévues en 2025, et cinq Café Feuillette. Parmi ces ouvertures, on commence une expansion internationale avec une ouverture aux Etats-Unis, en juin 2025, en franchise. C’est une opportunité qui nous vient d’un couple de Français. Ils nous ont sollicités pour une master franchise, au Texas. Ce premier point de vente va être un peu plus petit, il sera situé dans un centre commercial. On veut ouvrir dans d’autres pays, mais rien n’est signé encore. L’ambition est d’avoir une ouverture à l’international et une diversification des formats pour toucher le travel retail.
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