En France, on estimait le marché français de l’ameublement à 13 milliards d’euros en 2023, contre 14,8 milliards d’euros en 2022**. Ce secteur a fait partie des grands gagnants de la pandémie, qui a eu un impact très positif sur l’ameublement (+9 %). À titre d’exemple, en 2021, les Français ont acheté pour plus de 14 milliards d’euros de meubles, un record selon la Fédération nationale du négoce de l’ameublement.
Cependant, certaines enseignes sont désormais fragilisées par plusieurs facteurs, à commencer par une concurrence accrue. Entre les marques discount comme Action, les acteurs bien ancrés à l’instar d’Ikea, ou les nouveaux arrivants comme H&M Home ou Zara Home, il est devenu difficile de tirer son épingle du jeu. D’autant que le marché est tributaire de celui de l’immobilier, qui connaît également des difficultés (une baisse des transactions immobilières de 21,1% a été enregistrée entre 2022 et 2023 d’après la FNAIM). En 2023, le marché de l’ameublement a vu des enseignes comme Habitat et Alinéa placées en redressement judiciaire, et le pure player britannique Made.com faire faillite. Aujourd’hui, ce sont Gifi et Casa qui peinent à traverser cette crise.
L’avenir de Gifi se joue dans les semaines à venir
En 2020, le secteur du commerce de détail a vu son chiffre d’affaires baisser de 27 % entre février et avril, au plus fort de la crise sanitaire. Après l’euphorie observée à la suite de la pandémie, où de nombreux consommateurs ont investi dans l’amélioration de leur intérieur, le secteur du commerce de détail, notamment celui de la décoration et des articles pour la maison, a connu un ralentissement. Selon une étude de l’INSEE, le chiffre d’affaires du commerce de détail a enregistré une baisse d’environ 3 % en 2022 par rapport à 2021, alors que les ventes avaient fortement augmenté pendant les périodes de confinement.
Dans ce contexte difficile, le fondateur de GIFI, Philippe Ginestet, souhaite passer le relais et a mandaté la banque Lazard pour trouver un repreneur potentiel, impactant ainsi les 6 500 salariés français. Plusieurs facteurs ont conduit à cette situation. Le rachat de Tati en 2017 n’a pas apporté les résultats escomptés, tandis que la pandémie de Covid-19 a lourdement affecté le secteur du retail.
Le nom de Moez-Alexandre Zouari émerge comme potentiel repreneur. Déjà propriétaire de Maxi Bazar, Stokomani et actionnaire du groupe Casino, son intervention pourrait offrir une nouvelle perspective à Gifi. L’avenir de l’enseigne se joue dans les semaines à venir. Une issue positive permettrait non seulement de préserver de nombreux emplois, mais aussi de maintenir un acteur clé du paysage commercial français.
Des « évolutions défavorables sur le marché »
Gifi n’est pas la seule enseigne dans le déclin, la chaîne belge d’ameublement et de décoration Casa a introduit une demande de procédure en réorganisation judiciaire (PRJ) en raison de difficultés financières liées à des « évolutions défavorables sur le marché du commerce de détail ». Malgré un plan de relance visant à renouer avec la rentabilité en 2026, l’entreprise a buté sur plusieurs obstacles. Elle a fermé ou vendu 46 magasins déficitaires dans plusieurs pays, réduit ses effectifs au siège et dans l’ensemble de l’organisation, et lancé un vaste déstockage en juin et juillet.
Casa compte 64 magasins en Belgique employant 310 personnes, ainsi que 105 employés dans les services centraux. Au total, l’enseigne est présente dans huit pays avec 400 magasins et plus de 2 500 salariés, pour un chiffre d’affaires de près de 300 millions d’euros. Cependant, ses marges sont négatives depuis 2016 et son endettement est important.
La PRJ doit permettre à Casa de gagner du temps pour liquider des stocks et réduire ses coûts. Le CEO, Vincent Nolf, reste optimiste dans Les Echos, et espère que la période de Noël, traditionnellement favorable aux ventes, améliorera la trésorerie de l’entreprise. Toutefois, des experts du secteur expriment des doutes sur la capacité de Casa à se restructurer efficacement en six mois, compte tenu de sa structure lourde, de ses contrats immobiliers anciens et de ses stocks abondants. L’avenir de l’enseigne et de ses franchisés reste incertain, et il est à voir si ces mesures suffiront à redresser sa situation financière.
*Selon Statista
**Selon Businesscoot