Quel a été votre parcours avant de devenir président de la FFF ?
Olivier Mermuys : J’ai un parcours de 21 ans dans l’industrie électrique, où j’ai évolué dans des fonctions de direction commerciale et marketing. Et puis, en 2016, j’ai repris l’entreprise Cavavin, créée par Michel Borel. Il m’a proposé de la reprendre. Ce n’était pas dans mes plans, mais je me suis dit « Allez, banco ». A mon arrivée en 2016, je suis tout de suite allé aux réunions régionales organisées par la Fédération française de la franchise qui permettaient de partager entre franchiseurs les bonnes pratiques et les sujets du moment. Cela m’a tout de suite passionné. Puis, à partir de 2021, j’ai intégré le conseil d’administration, et début 2023, le président de la FFF, Guy Gras, m’a proposé d’intégrer le bureau. J’ai alors vraiment vu comment fonctionnait la fédération pendant près de deux ans, comment on aide les franchises. Cela m’a donné envie d’aller plus loin, et j’ai décidé de reprendre le flambeau après les deux mandats de Guy. Nous sommes en phase sur tout.
Quelles vont être vos priorités au sein de la FFF ?
O.M : Je vais aller dans la même direction que Guy, mais en accélérant sur trois points : la représentativité, la visibilité et les services que l’on veut apporter à nos membres. Je voudrais que l’on augmente notre visibilité auprès des politiques et du grand public, et qu’on apporte encore plus de services à nos membres. Nous représentons environ 90 domaines d’activité, et il est important de soutenir tous les réseaux, des plus petits aux plus gros.
Concernant la visibilité, la fédération est légitime sur tous les sujets d’entrepreneuriat, pas seulement la franchise. Nous sommes là pour aborder tous les thèmes, y compris la transition numérique et environnementale. Il est essentiel d’échanger avec les politiques. Le Conseil national du commerce, mis en place par Olivia Grégoire, a abouti à des recommandations écrites sous l’égide de Thierry Mandon, impliquant diverses fédérations et acteurs économiques. Notre nouvelle ministre, Françoise Gatel, doit s’approprier ces recommandations pour les mettre en œuvre. Pour ce qui est de la visibilité auprès du grand public, nous avons voulu casser les idées préconçues avec la campagne ‘Et pourquoi pas moi ?’. Les gens pensaient que la franchise n’était pas pour eux, qu’il fallait beaucoup d’argent, des diplômes, etc. Nous sommes là pour expliquer que la franchise, c’est pour tout le monde, et que c’est le concept qui fera la différence. Chaque année, de nouvelles personnes se demandent : ‘Je veux entreprendre, créer ou reprendre une entreprise, est-ce que la franchise est faite pour moi ?’ Il faut réexpliquer cela tous les ans.
Le troisième axe concerne les services à nos membres. Un membre, c’est quelqu’un qui fait partie d’un collectif pour faire bouger les choses. La FFF propose des formations pour les franchiseurs et franchisés : nous les aidons notamment dans la multi-franchise, et les outils digitaux. Nous souhaitons également développer les échanges de bonnes pratiques en région. Mon objectif est d’y inclure tout l’écosystème : franchiseurs, franchisés, et experts, pour montrer les initiatives locales. Enfin, être bien entouré, c’est aussi mettre nos experts à contribution. Avec des moments de partage tout au long de l’année, nous pourrions diffuser ces échanges via des podcasts. La franchise, qui surperforme dans toutes les régions, progresse grâce à l’intelligence collective. Franchiseurs et franchisés partagent et améliorent leurs savoir-faire, montrant que la collaboration est un modèle gagnant-gagnant.
Pour le grand public, on a l’impression que la franchise reste assez méconnue. Quelle est votre stratégie pour accroître cette visibilité ?
O.M : Depuis un an, nous avons mis en place une communication un peu plus disruptive. Cette communication, nous devons la partager sur plus de médias que ce qui a été fait, et pas seulement sur des réseaux comme LinkedIn, Facebook ou Instagram, mais aussi sur des plateformes comme TikTok, Konbini, ou encore dans des replays de programmes télé. Nous serons sponsor du replay de l’émission « Qui veut être mon associé ? » sur M6. Le but est de donner de la visibilité à un public plus large, en expliquant à chacun les bénéfices de la franchise, la facilité de pouvoir oser plus vite en franchise parce qu’on va être bien accompagné et réduire ainsi les risques d’échecs. Finalement, c’est un modèle d’épanouissement et de réussite qui est accessible à tout le monde.
Le paradoxe, c’est qu’on a le plus beau salon d’Europe avec Franchise Expo Paris et que nous sommes une place forte de la franchise, le deuxième pays du monde après les États-Unis. Et cela, on n’en a vraiment pas conscience, ni le grand public, ni nos politiques. Je pense que c’est une question de communication et de visibilité.
Selon vous, quels sont les principaux défis auxquels la franchise en France fait face actuellement ?
O.M : En France, on dit souvent qu’on a le commerce de nos lois : une nouvelle loi régit toujours quelque chose à quoi nous n’avions pas pensé, et nous devons nous adapter. En tant qu’entrepreneurs, nous faisons face à des mutations économiques, sociales, environnementales et numériques, et nous devons déjà adresser ces sujets. Si, en plus, des lois compliquent le développement, nous perdons du temps sur des tâches administratives qui freinent notre capacité à créer de la valeur. Nous avons aussi des enjeux de développement géographique, en France et à l’international, ainsi que des outils digitaux qui permettent à tous de grandir plus vite. Le financement est devenu complexe également. Avec tous ces défis, il est essentiel de simplifier la législation pour passer moins de temps en correctif et davantage en progrès.
Comment est-ce que vous voyez évoluer le secteur de la franchise en France dans les cinq prochaines années ?
O.M : Le secteur de la franchise recouvre de nombreuses réalités entre commerces et services, mais pour moi, les deux sont imbriqués. Un commerçant sans service est voué à disparaître, tout comme un prestataire de services sans compréhension commerciale de ses clients. Aujourd’hui, tout est service. Par exemple, vendre du vin, c’est aussi un service, car on conseille le client. Nous devons surveiller les valeurs fondamentales de la franchise, traditionnellement basées sur le concept, la marque et l’assistance. Je préfère mettre l’accent sur la proximité, l’accompagnement, et le succès partagé. Ce succès partagé encourage tout le monde à progresser ensemble et donne envie d’entreprendre, malgré les crises récentes. Il faut réenchanter l’entrepreneuriat, en soutenant aussi les jeunes, même sans expérience, pour qu’ils prennent plaisir à entreprendre.
Où est-ce que vous vous voyez dans deux ans, au terme de votre mandat ?
O.M : Cela dépendra de ce que nous aurons pu accomplir et de la transformation réalisée. Je suis dans le prolongement du travail de Guy, qui a vraiment fait progresser la fédération, notamment en matière de gouvernance, et je tiens à lui rendre hommage pour cela. Deux ans, c’est court pour ce que je souhaite faire. Si demain je ne suis plus président, j’espère rester administrateur et continuer d’accompagner la fédération. Je suis arrivé en 2016 et j’aime faire partie de ce collectif. La FFF est une belle organisation, avec une superbe équipe et un vrai esprit collectif. Lors des conseils d’administration, nous partageons nos points de vue et nous nous challengeons avec bienveillance, pour ensuite converger vers une solution commune. La diversité de nos perspectives fait la richesse de notre modèle, nous permettant d’affiner nos idées et de passer de l’intuition à la conviction. Et une fois que nous avons cette conviction, il faut dérouler et avancer ensemble.