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S’associer : 5 erreurs à éviter quand on entreprend à plusieurs

Lorsqu'on pense à s'associer pour entreprendre, on pense souvent à une association à deux. Pourtant, entreprendre à plusieurs peut également être une excellente manière de lancer un projet, que ce soit pour réunir des fonds ou pour profiter de l'expérience de chacun. Voici 5 erreurs à éviter selon Arnaud Courdesses, cofondateur de Babymoov Group et coauteur de L'art de s'associer : Les secrets d’une association durable et efficace (Vuibert), et Maître François-Xavier Awatar, avocat spécialisé.

1/ Ne pas prévoir la fin de la collaboration

La première des erreurs à éviter est de ne pas réaliser un pacte d’associés. S’il n’est pas obligatoire, il est nécessaire au bon déroulement de la transmission de l’entreprise le moment venu. « La question à se poser, c’est comment est-ce que vous prévenez le divorce, explique Maître Awatar. Le plus important, c’est donc le pacte d’associés. Il vient fixer les règles. » Le pacte a en effet vocation à préciser les règles de vie entre les associés, de définir, par exemple, comment ils vont se répartir les bénéfices, sans prendre en compte leurs parts dans l’entreprise, ou tout autre aspect leur association. 

« Le pacte va venir, en théorie, préciser quelles sont les règles si l’on se sépare. On peut venir tout préciser, se dire ‘au bout d’un mois, je peux vendre mes parts à qui je veux, ou alors je suis obligé de te proposer mes parts’. On se met d’accord aussi sur la grille de calcul, pour faire en sorte que si l’un des associés sort, il ne soit pas lésé. »

Pour Arnaud Courdesses, le pacte a été un élément indispensable avant le lancement de son entreprise, aux côtés d’Arnaud Thiollier et de Laurent Windenberger. « La manière dont on va faire la transmission de la société est un sujet à aborder très tôt, explique-t-il. Avec mes associés, nous avions prévu que les salariés reprendraient la société et que nous sortirions tous les trois en même temps. Nous avons attendu le bon moment pour prendre cette décision, à l’unanimité. » Une séparation qu’il faut donc anticiper. « Souvent, les gens n’en parlent pas avant, mais comme pour le mariage, il faut prévoir à l’avance », conclut Maître Awatar.

2/ Considérer la confiance comme acquise

Pour Arnaud Courdesses, il est tout aussi important d’aborder l’association sous l’angle humain que juridique avant de se lancer. « L’association, c’est comme dans un couple. Pour que l’association soit durable et efficace, il faut se poser pour la construire. C’est une relation intime, qui n’est pas seulement juridique. »

Afin de consolider cette confiance, les trois associés ont pris le temps de mettre les choses à plat, au moins deux fois par an. « On se voyait tous les 6 mois pour une journée d’alignement, raconte-t-il. On commençait la journée avec des tensions, mais on posait sur la table tout ce qui n’allait pas, dans la société, entre nous, dans le rapport avec certains salariés… On passait la journée à dénouer des nœuds, et à la fin, nous avions davantage confiance en nous. Cette confiance s’entretient, c’est un boulot régulier. » Comme l’indiquent les fondateurs de Babymoov dans L’art de s’associer : Les secrets d’une association durable et efficace (Vuibert), la confiance se construit aussi par la fiabilité et la capacité à tenir ses engagements.

Pour Luc Crombez, franchisé Fitness Park depuis février 2024, la confiance a été un élément déterminant pour établir une relation solide avec ses associés, notamment avec Guy Spanghero, un ancien rugbyman qui a investi dans son projet. « Nous nous sommes retrouvés à travers nos valeurs de travail et nos valeurs humaines. Et puis, il a fallu le convaincre, l’emmener voir ce que c’était qu’un club Fitness Park et lui expliquer le business model, prendre confiance sur cela. Cela n’a pas été facile. »

3/ Ne pas bien définir le rôle de chacun

Les anciens dirigeants de Babymoov reviennent sur un aspect clé pour réussir : bien définir « qui fait quoi ». Une nécessité selon Maître Awatar également, qui a eu des cas similaires. « Quand des gérants et des investisseurs s’associent, il y a parfois une frustration qui se crée. Il faut bien être au clair sur ce que chacun va percevoir à l’avenir. »

Ce modèle est celui qu’a choisi Luc Crombez, qui a cherché des associés notamment pour être en mesure d’apporter le financement suffisant. « J’ai recherché quelqu’un pour investir à mes côtés. Je n’ai pas rencontré les bonnes personnes au tout début, mais, étant ami avec le rugbyman Vincent Clerc, il m’a présenté la famille Spanghero, notamment Guy et son fils Philippe, raconte-t-il. On a accroché rapidement, puis son fils Philippe nous a rejoints dans l’association, ainsi que ma compagne Mélanie. »

Les quatre associés ont des rôles bien répartis et apportent chacun leurs compétences. « Aujourd’hui, nous sommes quatre associés. Mélanie et moi sommes plus dans la gestion du club et la partie opérationnelle, Guy est sur la partie financière et juridique, et Philippe a de grandes compétences dans le domaine du consulting, il possède un gros réseau, il nous apporte beaucoup, notamment dans l’implantation locale. » Ce qui nous amène à un autre écueil dans lequel on peut facilement tomber : confondre ses postes.

4/ Ne pas confondre ses casquettes

Les associés portent souvent la casquette de directeur et d’actionnaire à la fois, ce qui peut parfois créer une confusion dans les échanges. « Ce qui peut amener à un conflit, c’est qu’on ne se parle pas avec la même casquette, explique Arnaud Courdesses. Si vous prenez un moment pour parler en tant qu’actionnaires, il ne faut pas que l’un ait la casquette d’actionnaire et l’autre de DAF ou de directeur métier. »

Dans les cas où les associés ont des rôles bien séparés, d’un côté les gérants et de l’autre les investisseurs, une certaine frustration peut naître lors des échanges. « Je trouve que cette organisation est bien, avec des personnes opérationnelles et d’autres qui ont un recul sur la société et de l’expérience, poursuit-il. Mais les personnes qui ont une casquette de directeur opérationnel ont aussi une casquette d’actionnaire. Quand ils ont des réunions avec les actionnaires, je leur conseille de porter leur casquette d’actionnaire pour avoir un rapport d’égal à égal. »

5/ Ne pas ignorer les appétences face aux compétences

Lorsque l’on choisit des associés, il est courant de privilégier leurs compétences professionnelles. Mais les appétences de chacun doivent être nécessairement prises en considération comme Arnaud Courdesses. « Les compétences sont importantes, mais les affinités le sont tout autant. Elles permettent d’assurer que les objectifs de chacun soient alignés sur le long terme. » Une bonne association repose donc non seulement sur des compétences complémentaires, mais aussi sur une vision partagée.

En définitive, l’association doit être un projet mûrement réfléchi, où les questions financières et les visions pour l’entreprise doivent être abordées très tôt. « Je pense que l’on peut entreprendre seul si on a les moyens et l’expérience, confie Luc Crombez. Il est vrai qu’avoir des associés, c’est prendre le risque de ne plus s’entendre un jour, mais c’est aussi l’opportunité d’avoir des compétences complémentaires, et j’apprécie énormément celles de chacun de mes associés. »

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