Vous êtes chez Fitness Park depuis 2017. Quels sont les principaux défis auxquels vous avez été confronté en termes de développement ?
Thomas Mendonça : Au départ, j’ai rejoint Fitness Park pour opérer la transformation digitale du groupe. Mais le plus grand défi a été de professionnaliser l’industrie du fitness, qui avait pas mal de retard par rapport au retail, dans le parcours client, l’accompagnement automatisé, la qualité des interactions et des équipements. On a fait évoluer le concept vers un nouveau modèle, qu’on appelle « high value, low price ». Cela consiste à mettre en place les meilleurs équipements, des meilleures marques, pour avoir la meilleure expérience possible. En y ajoutant beaucoup de technologie et de simplicité pour que la motivation des adhérents soit boostée et que ce soit simple d’aller chez nous et d’utiliser nos machines, ou nos systèmes d’hydromassage pour la récupération, par exemple. Cette transformation a été le plus grand enjeu pour créer un nouveau modèle de salle de sport.
Les salles de sport sont en plein essor, comment se démarquer de la concurrence ?
T.M : On a des experts dans chaque domaine. On va tester des concepts dans notre flagship à Saint-Ouen. Certains sont retenus, d’autres non, on teste des innovations. Parfois on a une très bonne idée mais ce qui va en faire un bon système dans notre réseau, c’est sa simplicité. Puis nous avons une stratégie marketing qui cible les jeunes, qui sont de plus en plus nombreux dans nos salles, surtout depuis le Covid. Enfin, on se différencie par notre culture de la performance, du dépassement de soi, en gardant la simplicité d’usage. Si c’est trop compliqué, on n’est pas motivé, et on ne va pas atteindre son objectif. On fait le maximum pour accompagner les adhérents dans cet objectif.
Fitness Park a été partenaire des JO lors du Marathon Pour Tous. Racontez-nous les coulisses de ce projet et ses répercussions sur l’enseigne.
T.M : Le partenariat est venu d’un projet un peu fou entre le patron de l’innovation des JO, avec qui on a créé la première course connectée lors d’une épreuve des JO. On s’est dit qu’on allait laisser ouvert tous les Fitness Park pendant le marathon pour tous, ce qui a permis d’ouvrir l’épreuve au public pour la première fois de manière digitalisée. Il y a eu un peu plus de 100 000 participants dans les Fitness Park, et au niveau mondial, on a pu se connecter sur une application, pas forcément Fitness Park, pour y participer. 400 000 personnes ont pu y participer au total.
Je pense que le partenariat était audacieux. Le projet s’est transformé en symbole de réussite de partenariat sportif. Les JO ont été un succès et ont boosté le souhait des Français de pratiquer du sport. On le remarque chez nous, on voit un pourcentage d’inscription en croissance, et on le voit chez nos collègues licenciés de foot, tennis, ou autre. Il y a vraiment une « hype » autour du sport depuis les JO.
Quelle est votre stratégie de développement et vos ambitions pour les années à venir ?
T.M : Notre rythme d’ouvertures en franchise s’est fortement accéléré. Il reste encore beaucoup de zones et d’ouvertures à faire en France, et à l’international, notamment en Espagne où nous avons 50 clubs. On a des grosses ambitions de développement et la chance d’avoir beaucoup de demandes entrantes de candidats à la franchise, d’investisseurs.
On a des profils divers, des anciens professionnels du sport, des multi-franchisés dans la restauration qui veulent se rapprocher d’un business un peu plus rentable et avec moins de charges. On a aussi des investisseurs intéressés par le business modèle de Fitness Park. L’objectif est d’ouvrir une quarantaine de salles cette année.
Comment se porte le secteur aujourd’hui ?
T.M : Le secteur s’est un peu segmenté. Auparavant il y avait trois gammes : le très haut de gamme, milieu de gamme et low-cost. Aujourd’hui, le milieu de gamme pur ne marche plus trop, ce qui se démarque vraiment c’est le « low-cost » et le « high value, low price ». Ce sont ces deux segments qui sont en croissance en France et aux Etats-Unis. Puis il y a un autre secteur dans le fitness qui prend de l’ampleur, qui sont les boutiques fitness. On a une évolution du secteur avec des positionnements de marque qui se développent.
Il y a aussi une croissance en termes de pratiquants de fitness. Le taux de pénétration européen et de chacun des pays comme la France et l’Espagne sont en croissance. Il y a de plus en plus de pratiquants qui s’inscrivent dans les salles de sport. En France, on est autour de 9 % de taux, tandis qu’aux Etats-Unis et dans les pays nordiques, on est sur des taux bien supérieurs, parfois jusqu’au double. Il y a de belles perspectives de croissance.
Quelles utilisations faites-vous de l’intelligence artificielle ?
T.M : Sur l’intelligence artificielle, on a des projets sur l’analyse des fréquentations et l’usage des équipements. Depuis le début de l’année, on a des algorithmes qui nous disent, à partir des images des salles, quelles sont les machines et haltères les plus utilisés. Ces analyses nous permettent de faire évoluer le concept. Et on étudie d’autres pistes d’usage potentiel de l’IA dans d’autres départements.
Selon vous, quelles seront les grandes tendances à venir en matière de concepts de salles de sport ?
T.M : En innovations, les éléments clés de différenciation vont être la technologie et le côté expérientiel de la consommation du sport. Dans l’univers du retail, on voit que les marques qui se différencient sont celles qui font vivre une expérience. C’est pourquoi le loisir a de belles années devant lui. L’expérience, c’est ce qui va différencier les marques, et la technologie va être un outil pour ce côté expérientiel, avec l’usage de l’intelligence artificielle et l’ultra-personnalisation des parcours pendant l’entraînement. Avec une qualité de produits au meilleur prix, ce sont tous les ingrédients qu’il faut pour être leader dans son secteur.