L’indice entrepreneurial des jeunes est en forte hausse par rapport à 2021 (+7 points) reflétant le dynamisme entrepreneurial des moins de 30 ans, selon l’Observatoire de la création d’entreprise qui a publié une enquête nationale réalisée par l’Ifop. Cependant, les jeunes font face à de nombreux obstacles, comme le manque de financement, de réseau et d’expérience. 23 % des intentionnistes estiment d’ailleurs le risque d’échec trop important, tandis que 15 % des chefs d’entreprises déplorent un manque d’expertise dans le métier. Néanmoins, les jeunes bénéficient de certains avantages considérables, comme la maîtrise des outils digitaux, la capacité à innover ou encore à s’inscrire dans une démarche RSE et environnementale.
Infographie. Source : Observatoire de la création d’entreprise, Indice entrepreneurial français 2023, (Enquête nationale réalisée par l’Ifop)
Entreprendre, et réaliser un rêve
Pour beaucoup, la motivation première en se lançant dans l’entrepreneuriat est de réaliser un rêve, toutes tranches d’âges confondues. « J’ai toujours voulu créer ma propre entreprise, avoir un impact et la possibilité de maîtriser chaque aspect du projet m’a toujours attirée », explique Joy Clarens, architecte d’intérieur qui a ouvert son bureau de l’enseigne Notes de Styles il y a quelques mois. « J’avais envie de me lancer un nouveau défi et de me lever pour moi le matin, confie quant à elle Manon Ferra, franchisée de l’agence immobilière ERA Immobilier dans les Bouches-du-Rhône. C’était aussi le bon moment pour moi car je n’avais pas réellement de contraintes personnelles. C’est une sécurité d’être salarié: on sait combien on va toucher à la fin du mois, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, mais c’était moins motivant. »
Ce qui va notamment différencier les jeunes de leurs aînés, c’est leur tendance à récidiver dans la création d’entreprise. Au total, on estime qu’un jeune sur trois est un serial entrepreneur. C’est le cas d’Armand Manival, qui a participé à cinq aventures entrepreneuriales avant ses 30 ans. Une véritable success story pour celui qui est aujourd’hui à la tête de la franchise immobilière Zestia, valorisée à près d’un million d’euros. « Entreprendre jeune apportera plus de réussite que d‘entreprendre moins jeune, estime-t-il. On a aussi moins de charge de vie donc on peut prendre plus de risques. » Un avis que partage Manon Ferra, pour qui le choix d’entreprendre était une décision à prendre « maintenant ou jamais » : « J’estime prendre moins de risque à mon âge, en n’engageant que moi-même et non pas une famille. Le plus gros avantage est de ne pas avoir de contrainte. Mon bébé, c’est mon agence ! ».
Pourtant, le choix de la franchise ne va pas toujours de soi quand on prévoit d’être son propre patron.
Le choix de la franchise
« J’ai d’abord essayé d’être indépendante, puis j’ai découvert Notes de Styles en cherchant des options pour me lancer dans l’entrepreneuriat, raconte Joy Clarens. Leur modèle m’a tout de suite plu, car il combinait indépendance et entrepreneuriat, avec le soutien d’une marque établie, ce qui apporte de la notoriété. »
Toujours selon l’enquête nationale, les jeunes chefs d’entreprise sont particulièrement sensibles aux difficultés liées à un manque d’expertise ou à une concurrence trop vive. « Les principaux obstacles vont être le manque de réseau et d’expérience globale, c’est pour cela qu’il faut savoir bien s’entourer. Et c’est là que la franchise intervient, poursuit le fondateur de Zestia. Il y a un staff pluridisciplinaire qui est présent, toute une mécanique en place et un appui dans la communication. »
« L’accompagnement que l’on a en franchise n’est pas négligeable. Le réseau va nous fournir des outils, faire de la veille, notamment par rapport aux lois qui évoluent sans arrêt dans notre milieu. Tout est mis à jour constamment, renchérit Manon Ferra, pour qui l’entrepreneuriat en franchise était une évidence. J’ai quasiment tout de suite pensé à la franchise. J’ai travaillé dans des agences indépendantes et en franchise, j’ai pu voir comment les deux fonctionnent. » Pour Joy Clarens, la franchise apporte d’abord beaucoup d’atouts sur l’aspect financier (réduction sur les coûts et frais de fonctionnement, tarifs de partenaires négociés comme pour les assurances, banques, avocats, etc.). « La notoriété est déjà établie, la communication et le site déjà inclus, on met à notre disposition des formations annuelles pour nous mettre à jour sur les nouvelles tendances et sur les normes, poursuit-elle. « On a aussi le soutien des autres franchisés en France, et mine de rien ce soutien est très important. »
La facilité avec les nouveaux usages numériques
Parmi les avantages dont bénéficient cette nouvelle génération d’entrepreneurs, l’aisance avec le numérique, et en particulier les réseaux sociaux, est un atout majeur. Les franchisés sont désormais 85 % à utiliser au moins un réseau social pour communiquer avec leurs clients. Facebook domine avec 78 % des franchisés ayant une page dédiée, suivi par Instagram avec 58 %. « L’entrepreneur qui ne sait pas communiquer va devoir débourser un sacré budget, c’est un gros avantage stratégique quand on est jeune de bien connaître les réseaux sociaux », ajoute Armand Manival.
Pour ce qui est de l’intelligence artificielle, 47 % des jeunes franchisés (18-34 ans) la voient comme une opportunité plutôt qu’une menace. Une tendance qui devrait continuer sa progression et qui fait écho à l’expérience du fondateur de Zestia. « Désormais, on réussit grâce à l’IA à régler le plus gros problème des agences immobilières: la gestion de tout ce qui est chronophage. Nous sommes en train de lever des fonds pour nous tourner justement vers cette stratégie. » Chez ERA Immobilier, Manon Ferra utilise aussi l’intelligence artificielle pour évacuer les tâches chronophages et se concentrer davantage sur ses clients. « On utilise l’IA pour rédiger les annonces immobilières. Ce type de tâches est chronophage et ce n’est pas là où on nous attend. Cela ne remplacera jamais notre travail mais tant que ça peut nous aider et nous permettre de nous concentrer sur des choses plus importantes, ça me va très bien », précise la franchisée originaire des Bouches-du-Rhône.
« Au départ, ça m’a fait un peu peur, confie quant à elle Joy Clarens. J’avais peur d’être remplacée et de voir un métier disparaître. Mais je pense qu’il faut le voir comme une opportunité, un soutien, une aide qui permet de travailler beaucoup plus vite et de respecter les délais. Je pense qu’il faut l’utiliser en plus, comme un support, plutôt que comme un outil qui sape la créativité et l’âme du projet ». L‘architecte d’intérieur voit également son âge comme une opportunité de faire la différence sur un marché parfois vieillissant : « On a un regard assez neuf, c’est vrai que les entreprises qui sont établies depuis très longtemps ont leur routine. Nous grandissons avec le digital et on nous inculque les problématiques d’écoresponsabilité, environnementales. Nous sommes donc souvent sollicités là-dessus et nous sommes beaucoup plus au courant des innovations liées à ces thématiques. »
Les jeunes entrepreneurs plus soucieux de l’égalité et des problématiques environnementales
L’observatoire de la création d’entreprise souligne également un changement de mentalité au sein de la chaîne entrepreneuriale des jeunes, où les femmes sont mieux représentées et où les diplômés du supérieur ne sont plus sur-représentés. Par ailleurs, 76% des jeunes chefs d’entreprise ont l’ambition de développer leur entreprise en l’inscrivant dans une démarche environnementale, et 70% dans une démarche RSE. Des thématiques également très importantes aux yeux de Joy Clarens : « C’est le propre de la rénovation: on évite de construire pour faire avec ce qu’on a et donner une seconde vie aux matériaux. Pour ce qui est du recrutement, je cherche des partenaires qui sont également dans cette démarche. »
Quels conseils pour entreprendre avant 30 ans ?
En définitive, lancer son entreprise en franchise permet à des jeunes d’assouvir leur élan entrepreneurial tout en bénéficiant de l’expérience d’un réseau mature. « Il faut être bien entouré et se renseigner sur les aides auxquelles on a droit », conseille Manon Ferra.
« Le meilleur conseil à donner, c’est de ne pas chercher dans quel domaine on va trouver de l’argent, mais de trouver un domaine qu’on va aimer », estime quant à lui Armand Manival. « Il faut bien se former et se préparer, toujours être au fait des tendances, choisir un bon modèle (comme la franchise), bien s’entourer avec des professionnels expérimentés et ne pas avoir peur de se lancer », lance enfin Joy Clarens. « Il faut trouver un secteur qui nous anime, où l’on va penser différemment et apporter une nouvelle vision dans les projets. En résumé : penser aux projets d’aujourd’hui pour qu’ils correspondent aux envies de demain. »