Si l’indicateur de la franchise publié par la Fédération française de la franchise en février dernier affichait 2 035 réseaux de franchise (+3,2 % d’augmentation d’effectifs par rapport à 2022), pour 92 132 unités franchisées (+ 9 % de croissance vs 2022), c’est parce que le modèle inspire de nombreux entrepreneurs à rejoindre des réseaux organisés.
En 2021, par exemple, la Fédération ne comptait que 1 965 enseignes pour 79 134 points de vente sur le territoire, pour un chiffre d’affaires global de 68,8 milliards d’euros. Et le secteur de la franchise pèse désormais 88,49 milliards d’euros de chiffre d’affaires global (+ 15,5 % en 2023 vs 2022).
Mais alors qui sont ces franchisés de l’écosystème et les commerçants de demain ? Quel est leur âge moyen ou leur niveau d’études ? Et qu’attendent-ils de leur tête de réseau en 2024, compte tenu de l’essor du digital ? Et du contexte inflationniste qui bouleverse les habitudes de consommation chez les commerçants et les pousse à revoir leurs offres/services ?
Le profil type des franchisés
Comme l’explique André Billard, responsable du pôle commerce et franchise chez Banque Populaire (Groupe BPCE), en charge de présenter à la presse et aux franchiseurs, la 20 ème Enquête annuelle de la franchise réalisée avec la FFF et Kantar, “76 % de ceux qui décident de se lancer sont d’anciens salariés et, sur 32 % de sondés qui aimeraient créer leur entreprise, 43 % l’envisagent en franchise”. Parmi eux d’ailleurs, 60 % de profils âgés de 18 à 24 ans. L’enquête démontre également que le franchisé type est à présent âgé de 37 ans en moyenne, alors qu’il avait en moyenne 42 ans en 2021 et 49 ans en 2020, selon les chiffres publiés dans les précédentes éditions.
Les entrepreneurs ont également des parcours professionnels très variés. Tant parce que les réseaux détiennent des centres de formation (et/ou dispensent des modules de formation initiale pour se familiariser à leur concept), tant parce que certaines activités n’imposent pas de diplômes spécifiques au lancement. Et inspirent, de ce fait, à se reconvertir. “40 % de franchisés sondés ont ainsi un niveau d’avant bac, bac ou bac professionnel, 41% détiennent un bac +2 ou 3 et 19 % un bac +4 ou au-delà”, complète André Billard.
Mais si le modèle attire de plus en plus de jeunes, il impose certaines compétences et savoir-être une fois l’exploitation inaugurée. “Parmi les principales qualités perçues pour devenir franchisé, il faut savoir être gestionnaire (55 %), savoir manager (54 %) et avoir un tempérament commercial (53 %)”, étaye André Billard. D’autres sont aussi enclins à se reconvertir dans l’écosystème même de la franchise. 48 % de franchisés ont ainsi changé de secteur par rapport à l’activité précédente, tout particulièrement chez les 50 ans et plus.
Enfin, “l’environnement compte 39 % de franchisées, contre 36 % en 2022, et 31 % en 2021, preuve qu’il y a encore des efforts à faire sur la parité”, complète ce dernier.
Entreprendre en franchise malgré la crise
On retient également que 92 % de franchisés sondés recommandent le modèle de la franchise pour la solidité de son modèle et la sécurité qu’il apporte. Notamment parce que 3 enseignes sur 4 ont plus de quinze ans d’ancienneté. Et que 82 % des franchisés voient l’appartenance à un réseau de franchise comme un avantage, quand 78 % estiment mieux résister à la crise dans ce contexte par rapport à un commerçant isolé (+3 points en un an). Cela d’autant plus en période inflationniste avec des habitudes et des temps de consommation bousculés. Et une augmentation du télétravail qui réduit drastiquement la fréquentation du midi en restauration.
En outre, 80 % de franchisés ont réduit leurs dépenses et leur frais de fonctionnement pour proposer des prix plus attractifs. 8 patron(ne)s sur 10 ont également renforcé les relations humaines avec leurs clients. Et 9 franchiseurs sur 10 ont mis en place des actions spécifiques pour leurs partenaires. Enfin, 69 % ont négocié les prix d’achat et 47 % ont développé des offres promotionnelles et des opérations spéciales (prix) pour les accompagner sur ces enjeux tout du long; preuve que la force du collectif et le fait d’exploiter une image de marque est capital pour maintenir son activité à flots.
Ce qui rassure les porteurs de projet face aux perspectives économiques peu rassurantes du marché entre baisse du pouvoir d’achat côté ménages, redressements ou liquidations judiciaires, PGE ou baisse des marges au sein des entreprises. “Soit 73 % de liquidations d’entreprises et plus particulièrement de TPE en 2023, contre 71 % historiquement. Et 13 904 défaillances d’entreprises du bâtiment et de l’immobilier en 2023, en hausse de 7 % comparé à 2019”, indique Alain Tourdjman, directeur des études économiques et de la prospective du Groupe BPCE, également présent à cette conférence de presse. “Sans compter les difficultés enregistrées par les secteurs du transport, de l’alimentaire et de l’habillement…”
Des franchiseurs flexibles et modernisés
Sensibles au contexte économique ou visionnaires, les franchiseurs déploient également de plus en plus de stratégies et d’outils pour contribuer à la réussite de leurs franchisés. Tant du point de vue logistique, que du point de vue de l’offre produits qui évolue au fil des attentes et des générations de consommateurs. 85 % des franchiseurs ont ainsi transformé leurs procédés afin de réduire leur empreinte écologique et 68 % ont donné la priorité aux fournisseurs et fabricants français, quand 93 % des Français, depuis la crise sanitaire, favorisent des enseignes qui soutiennent la production locale. Cela dans un contexte où 77 % des Français achètent aussi des articles de seconde main pour une consommation plus vertueuse. “La RSE fait d’ailleurs partie des nouveaux critères de l’enquête annuelle, puisqu’elle n’était pas évoquée dans l’édition de l’an dernier”, ajoute Pierre-Laurent Berne, directeur du Développement Banque Populaire.
Côté digital, cette fois, 85 % de franchisés communiquent au moins sur un réseau social. Et “10 % le font notamment sur TikTok”, étaye André Billard. Enfin, 88 % y ont recours pour fidéliser leur clientèle (vs 75 % en 2021). Par ailleurs, 36 % des franchiseurs utilisent désormais l’Intelligence Artificielle (type ChatGPT) dans le cadre de leur activité et 56 % estiment que cette technologie leur permettra d’optimiser leur volet communication. Mais aussi pour mieux appréhender le client, récupérer de la data ou encore offrir une expérience personnalisée et/ou un meilleur service client.
À noter que 65 % des consommateurs français effectuent leurs achats en ligne avec livraison à domicile et 29 % ont réalisé au moins un achat au cours de l’année 2023 via les réseaux sociaux, précise aussi l’enquête. Les réseaux sont ainsi entrés dans une nouvelle ère, en plus de celle de l’omnicanalité, car en 2004 encore, 13 % des franchiseurs de l’écosystème n’étaient pas équipés d’Internet.
Des concepts pour toutes les bourses
Rassurants, structurés, équipés des bons outils, les réseaux de franchises attirent sans conteste quiconque souhaite devenir chef d’entreprise sans les aléas d’une gestion indépendante (autoentrepreneuriat). Et permet aussi de se lancer à moindres frais, lorsqu’on est jeune et sans patrimoine (apport). “On peut se lancer en franchise avec plus ou moins de moyens. 14 % l’ont fait avec moins de 50 000 euros d’investissement global, 27 % entre 50 000 et 100 000 euros. Et 17 % entre 100 000 et 200 000 euros, contre 42 % avec plus de 200 000 euros. Ainsi, 60 % des créations sont inférieures à 200 000 euros, donc le modèle est vraiment fait pour tous !”, conclut André Billard à quelques jours du prochain salon Franchise Expo Paris. Un rendez-vous sur lequel 586 exposants sont attendus par ses organisateurs (soit +6 % d’inscrits qu’en 2023), comme le confirme aussi Véronique Discours-Buhot, Déléguée Générale de la FFF.
Méthodologie : Pour la partie de l’enquête Franchisés, elle a été réalisée par téléphone (CATI), du 9 octobre au 7 novembre 2023, auprès d’un échantillon représentatif de 403 franchisés constitué d’après la méthode des quotas (secteur d’activité, région, date de création de l’entreprise). Un redressement a été appliqué sur ces mêmes critères afin d’assurer la représentativité de la cible. Pour la partie de l’enquête Franchiseurs, elle a été réalisée par internet (CAWI), du 11 octobre au 7 décembre 2023, auprès d’un échantillon représentatif de 106 franchiseurs disposant de 1 à plus de 150 points de vente.
Pour la partie de l’enquête Grand Public, elle a été réalisée par internet (CAWI), du 23 au 28 novembre 2023, auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 individus représentatifs de la population française de franchiseurs disposant de 18 à 65 ans. Un redressement a été appliqué sur le secteur d’activité (commerce, service), la région et le nombre de salariés, en phase avec les objectifs 2019.