Vous vous étiez fait la promesse l’an dernier, de bien recruter à l’avenir ! Alors, à l’heure où les enseignes ont du mal à recruter, faute d’évoluer dans des secteurs moins attractifs que d’autres, ou parfois, de ne pas assez bien maitriser la stratégie de marque employeur, sachez qu’un franchisé dispose de divers leviers pour attirer des salariés dans son entreprise….
“Il peut opter pour la valorisation de la rémunération ou des conditions de travail, miser sur la fidélisation des équipes ou la recommandation d’entreprise, conseille Sylvain Bartolomeu, dirigeant associé chez Franchise Management. Les temps ont changé. Déposer une annonce ne suffit plus. Il faut désormais avoir l’esprit commercial pour vendre ses offres et ici, ses offres d’emploi.”
Mais avant tout projet RH, les rôles devront avoir été définis au préalable entre le franchiseur et ses franchisés, avec ou sans intermédiaire entre eux. Et leurs échanges, être les plus directs et les plus transparents possibles pour éviter tout non-dit ou tout malentendu. “J’entends beaucoup de franchisés se plaindre de l’absence de réactivité du franchiseur sur la question, mais à eux également de s’occuper de leur propre entreprise ! À l’inverse, le fait de s’impliquer dans le recrutement fait hésiter les franchiseurs, car ces derniers considèrent qu’il en va de la responsabilité du chef d’entreprise”, poursuit l’expert.
Au franchiseur également de faire attention à la santé générale de son réseau avant de laisser ses franchisés recruter leurs équipes. Et de superviser correctement ses animateurs réseau afin qu’ils prennent, eux aussi, en compte les besoins réels de chaque partenaire sur le terrain. Et en fonction de chaque implantation ou unité qui compose le réseau. “Il faut favoriser l’analyse comparative entre ses différents franchisés et challenger les pratiques du réseau qui sont des éléments essentiels. Car c’est via cette collecte de données que les têtes de réseau pourront leur fournir une aide à la décision. Or, elles ne le font pas assez et sont en retard sur le sujet. Mais être facilitateur, c’est aussi être accélérateur de développement et donc de réussite !”, ajoute encore Sylvain Bartolomeu.
L’entraide en interne
Ensuite seulement, le franchisé pourra recruter seul, ou consulter sa direction quant aux CV à (pré)sélectionner. Comme à l’image du groupe SO2R (30 restaurants en France) : “C’est au gérant d’embaucher ses propres équipes et d’avoir de la jugeote ! Mais nous pouvons l’appuyer dans cette mission. Lorsqu’il nous envoie, par exemple, un CV et nous demande notre avis”, commente le cofondateur du groupe, Pierre de Wulf. Même configuration au sein des 65 concessions qui représentent le réseau Aquilus Piscines. “Il faut savoir que le concessionnaire type chez nous, n’est pas issu du secteur de la piscine. Considérant qu’il a acquis ses repères de manager ailleurs, dans d’autres secteurs comme dans l’automobile, par exemple, c’est à lui de recruter et d’être le décisionnaire final sur les candidatures. Mais nous le conseillons, et la plupart des franchisés l’acceptent, d’avoir recours à l’un de nos trois animateurs réseaux et à leurs conseils pour rédiger l’offre d’emploi, choisir les canaux de communication et mener à bien la sélection et les entretiens de ses futurs collaborateurs”, note son directeur commercial, Jérôme Courat. En outre, son réseau fait aussi appel, “de façon moindre, à des cabinets de chasseurs de tête sur ledit territoire concerné, pour répondre à une demande précise d’un concessionnaire”. De plus, un gérant, quel que soit son budget, peut communiquer localement via les réseaux sociaux, ou via le site de la marque. Enfin, selon Sylvain Bartolomeu, “c’est en travaillant main dans la main que l’on conserve son indépendance de franchisé.”
Marque employeur et e-réputation
Par ailleurs, le franchisé peut jouer sur la notoriété et la réputation du réseau, sinon de la marque même pour attirer des profils. “Les enseignes peuvent travailler la recommandation, faire venir des connaissances non-issues dudit métier et peu expérimentées, sinon favoriser les mécanismes de reconversion”, propose Sylvain Bartolomeu. Et si plusieurs facteurs freinent encore le recrutement ? “Parfois, les franchisés ne rendent pas assez attractive l’entreprise. Il faut donc retravailler sa communication, revoir les conditions de travail pouvant devenir motivantes (dont la rémunération) et permettre un partage de valeur”, précise le spécialiste de la franchise. Ainsi, la coopérative JouéClub investit dans la presse locale, la radio ou encore dans le digital pour aider ses adhérents à recruter des talents. “Nous lançons des campagnes de communication pour recruter des saisonniers auprès de nos adhérents. En parallèle, l’enseigne leur donne une impulsion en leur mettant à disposition du contenu à déployer. Mais à eux de recruter en local ensuite car les annonces sont claires pour les candidats : contacter le magasin le plus proche de chez soi”, détaille le porte-parole de JouéClub, Franck Mathais.
En outre, la coopérative s’adresse aussi à Pôle emploi et passe par les réseaux sociaux, en plus de proposer des sessions de formation et de renforcer sa présence sur différents salons qui ont lieu deux fois par an. Aquilus Piscines adopte une stratégie de communication similaire : l’enseigne utilise deux niveaux de communication, tant pour étoffer son parc, envisageant notamment les 100 points de vente d’ici cinq ans, que pour étoffer ses concessions. “Nous avons lancé une campagne de marque employeur sur la plateforme YouTube présentant nos collaborateurs afin d’en recruter d’avantage à travers la France. Nous savons également qu’à travers cette notion, nous pouvons basculer sur l’organisation de chaque concession et la formation des équipes, explique le directeur commercial Jérôme Courat. L’enjeu est de pallier un déficit de personnel (notamment de techniciens) mais aussi de commerciaux et de vendeurs, malgré une sixième année de croissance consécutive pour le secteur en 2021 (+32 % de chiffre d’affaires).
Et Jérôme Courat de préciser que, pour tirer son épingle du jeu, le réseau tient aussi compte de considérations économiques différentes pour les points de vente à proximité des frontières suisses, en termes d’indexation de salaire, pour offrir des conditions de travail plus intéressantes aux candidats. Enfin, Aquilus Piscines met en avant, dans son discours de marque, une mutation des métiers de piscinistes; soit une diversification des chantiers entre la construction de piscines, de spas, ou encore de hammams, tant pour équiper les particuliers, que les professionnels, comme les acteurs de l’hôtellerie. De plus, les salariés ont la possibilité d’évoluer dans des entreprises à taille humaine, les effectifs d’une concession variant de trois à dix salariés.
Alternance et Pôle emploi
Un autre levier consiste à passer par des écoles ou à se tourner vers des organismes qui permettent, selon le cabinet Franchise Management, de “trouver des profils en alternance, comme de casser les schémas traditionnels et d’ouvrir de nouveaux postes, notamment à des profils plus jeunes ou moins expérimentés. Ce qui permet aux franchisés de devenir des employeurs plus agiles et plus flexibles”. À l’exemple du réseau Les Savants Fous (25 agences), dont les licenciés, accompagnés par la direction, s’entourent d’étudiants pour répondre au mieux aux attentes des familles en matière de loisirs, ce dernier proposant des ateliers d’animation scientifique aux enfants. Ou de Babychou Services…
Allez plus loin
Lisez la suite de l’article dans le n°226 de l’Officiel de la Franchise daté de décembre-janvier 2023