Avant d’ouvrir vos restaurants, vous étiez dans la finance. Comment s’est opérée cette reconversion ?
Édouard Hausseguy : Je suis ingénieur de formation. Après avoir passé 4 années dans la finance et l’asset management, j’ai eu envie d’autre chose. J’ai alors créé entre 2015 et 2016 une plateforme d’influence pour permettre aux restaurateurs d’être plus visibles des internautes et de se référencer. L’idée était de pouvoir les mettre en relation avec des influenceurs et qu’ils puissent les recevoir dans leurs établissements. Une plateforme de mise en relation dont les services incluaient aussi du community management. En 2019, j’ai ensuite recruté jusqu’à 40 personnes pour faire fonctionner mon agence, que j’ai alors baptisée Hemblem. Nous sommes alors passés d’un site, à une application incluant une interface pour les restaurateurs. Avant de séparer les deux sociétés. Mes équipes et moi-même avons ensuite bénéficié d’une levée de fonds de 700 000 euros. L’agence Hemblem a alors été rebaptisée Baracuda pour faire du social media.
Jusqu’à ce que je m’associe avec l’un de mes premiers clients pour ouvrir le premier restaurant Gruppomimo à Boulogne-Billancourt (92) en février 2021. C’était avec Benoît Bossu, que j’ai rencontré en 2016, via Hemblem, et anciennement directeur de l’enseigne Gemini (restauration italienne). Je ne savais pas gérer un restaurant, mais je partais au moins avec un avantage dans cette aventure: celui de savoir comment le remplir. Preuve en est, nous avons réalisé 200 000 euros de chiffre d’affaires sur la première année d’exploitation !
Depuis, 9 autres restaurants ont émergé sur la région parisienne entre Paris (2ème et 11ème), Boulogne, Asnières, Levallois-Perret et Vincennes, qui est le dernier né depuis novembre 2022. Et nous devrions atteindre les 15 à 20 millions de chiffre d’affaires à fin 2023.
Vous ouvrez maintenant votre concept, basé sur une carte d’inspiration italienne, à la franchise. Où souhaitez-vous implanter la marque sur le territoire ? Le recrutement a-t-il déjà commencé ?
Édouard Hausseguy : Les restaurants ont jusqu’ici apporté du flux continu et dégagent de beaux bénéfices. Nous aimerions maintenant faire vivre la marque à grande échelle et de manière sécurisée via le modèle de la franchise. La restauration italienne fait d’ailleurs partie des typologies les plus rentables du marché ! Nous aimerions signer dix nouvelles adresses d’ici la fin d’année, sachant que nous avons déjà signé avec un partenaire à Bordeaux et dans le Val-d’Oise (95). Nous avons également des candidats à Lyon, Rennes et Nice. Pour autant, il y a encore de la place à Paris. Nous pourrions tout à fait y étoffer encore notre présence. La prochaine étape sera de participer à des salons professionnels. Et plus tard, de développer la master franchise en Europe.
Comment présentez-vous le concept à vos futurs partenaires ?
Édouard Hausseguy : Gruppomimo met en avant un ADN convivial et des produits sourcés en direct (dont quelques classiques comme les pâtes à la truffe et le tiramisu), autour d’une décoration bien travaillée, signée notamment par l’agence d’architecture d’intérieur et de design Friedmann & Versace. L’idée, à l’égard du client, c’est un peu de se sentir comme chez soi, dans son salon. Tout en faisant bénéficier les franchisés, cette fois, d’un marketing bien affûté pour leur permettre d’acquérir de nouveaux clients.
Restaurant Gruppomimo à Levallois-Perret
Les médias sociaux semblent n’avoir plus aucun secret pour vous. Quelle sera votre politique en matière de promotion et d’autopromotion des établissements ?
Édouard Hausseguy : Les modes de consommation ont changé, les codes de la restauration aussi. Il faut investir dans le marketing pour réussir son aventure de restaurateur et parvenir à se démarquer. Avec le triptyque gagnant « produit, prix, marketing ». Certains misent tout sur l’image, alors qu’en réalité, leurs produits sont mauvais. C’est l’erreur à ne pas faire. Il faut donc autant s’investir en cuisine qu’en matière de communication et d’animation de ses pages/comptes. Cela peut sembler facile de tenir de tels propos. Mais si nos restaurants sont aujourd’hui ouverts 7/7 jours, c’est grâce à un travail de deux ans mené derrière sur Instagram et dans toute la France, afin de pouvoir en arriver là.
La stratégie nationale de Gruppomimo consiste aussi à préparer la future clientèle à venir là où l’on a pas encore ouvert ! Nous allons donc accompagner les franchisés à remplir leurs salles dès le début, autour d’une communication prévue un ou deux mois avant l’inauguration de leur local et ainsi créer un certain effet d’attente chez les publics.
Quelle sera votre politique en matière de communication ?
Édouard Hausseguy : Nous gardons la main sur le marketing et le digital, vis-à-vis des franchisés. Nous leur fournirons les contenus à publier sur leurs pages locales.
N’est-ce pas un vrai défi d’ouvrir en restauration traditionnelle aujourd’hui, face aux changements de consommation mais aussi au contexte socio-économique qui pourrait freiner des investisseurs ?
Édouard Hausseguy : Absolument ! C’est pourquoi nous cherchons des profils déjà connaisseurs de la restauration et/ ou du système de franchise, même s’ils sont issus d’autres secteurs d’activités pour être à l’aise avec le concept et les défis qu’il implique. Il faudra notamment recruter entre 15 et 20 personnes pour tenir la cadence en salle.
À combien s’élève votre concept clé en mains pour lequel on s’engage sur 7 ans ?
Édouard Hausseguy : L’apport personnel est compris entre 200 000 et 350 000 euros (selon la ville et hors fonds de commerce), tout en sachant qu’un établissement Gruppomimo vaut 1,3 million d’euros en moyenne. Soit de 25 % par rapport au montant global. Nous demandons également un droit d’entrée de 45 000 euros avec des redevances de 7 % (dont 2 % pour la communication et le marketing) pour adhérer à la maison. Le franchisé pourra ensuite atteindre entre 2 et 2,4 millions d’euros de chiffre d’affaires après deux ans d’exploitation, dans des salles qui peuvent accueillir entre 90 et 120 couverts en moyenne.